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LA MANDARINE de Christine de Rivoyre
Sam 11 Fév 2012 - 12:19
Résumé
Il existe, rue de Rivoli, un petit hôtel confortable et secret qui ne figure sur aucun guide, où l'on ne vend que du bonheur, du champagne, des fleurs et des mets succulents.
La grand-mère Boulard y règne en souveraine allègre et tolérante. Séverine, sa petite fille, elle, a faim d'amour et l'amour lui donne faim. Aussi, tandis que son mari dort comme un bienheureux sous la lueur dorée de l'abat-jour " mandarine ", elle descend à la cuisine, des fois qu'il resterait un peu de confit d'oie. Un beau jour, chambre 51, s'installe un drôle de client. Il est beau, léger, il élève des taureaux à Salamanque.
Il est même duc. Une nuit de fringale, Séverine lui a donné rendez-vous pour une de ses omelettes mystères. Et s'il venait ? L'ogresse serait bien capable de dévorer le Grand d'Espagne...
220 pages
1 octobre 1976
4,30 €
POCKET
1 octobre 1976
4,30 €
Re: LA MANDARINE de Christine de Rivoyre
Sam 11 Fév 2012 - 19:03
Merci d'avoir créé cette fiche !
Mon avis :
Je vous rassure : le roman n'a rien des Feux de l'Amour ! Car c'est ce que m'inspire le résumé ci-dessus, alors qu'il n'en est rien.
Le récit alterne les pensées de Séverine, dans un style parfois lapidaire correspondant parfaitement à ce que sont les pensées humaines; et la narration, souvent centrée sur un personnage en particulier. Cette écriture donne beaucoup de rythme et de vie au roman, et nous permet d'approfondir les personnages et leurs sentiments. L'écriture est très belle et très fluide, les pages se tournent toujours plus vite.
« Le pépin, la tuile. Il avait rayé le reste. Le mystère, la vie. Mais oui, la vie. A cause de Toni, une vie se préparait. Il admettait que cela se passât dans le secret d’un petit ventre indifférent. Mais c’était la vie tout de même. »
On découvre une jeune femme, Séverine, pleine de vie et de joie de vivre. Cette femme, on en suit l'évolution au fil des pages : sa vie de femme mariée, plongée dans la joie de l'habitude; les frissons qui la parcourent alors qu'elle tombe amoureuse, lentement, de Toni; sa solitude et sa détresse profonde, quand ce dernier la rejette; la dépendance qu'elle éprouve face à cet homme pour qui elle brûle; et le retour final à sa vie de couple, rythmée par l'habitude, et dont elle découvre - enfin - le bonheur. Dans le roman, tous ces sentiments s'entremêlent, se bousculent. L'écriture, dynamique, nous plonge au coeur de l'histoire : je ne me suis jamais ennuyée.
« Je l’aime. Je l’avoue en pleurant, la tête sous mon oreiller pour que Georges n’entende pas. Quelle tête il ferait, Georges, s’il me voyait pleurer. Il serait capable de crier : « Au secours ! » à travers tout l’hôtel. Et si je le réveillais ? Si je criais au secours, moi, Séverine ? Séverine, l’amoureuse abandonnée ? Si j’obligeais Georges à écouter le récit de ma peine, si je le forçais à me ramener Toni, mort ou vif ? Va-t’en, Georges. Je veux Toni à ta place, là sur l’oreiller. Je veux son corps encore inconnu contre le mien, je veux réapprendre l’amour avec lui. Va-t’en, Georges, tu as eu ton lot. Dix ans. Tu ne trouves pas que c’est assez ? Moi, je trouve que c’est trop. (…) »
Autour de Séverine gravitent d'autres personnages : son mari, Georges, à la fois effacé et mis en valeur dans le roman - tout un art -; Laurent et Baba, son frère et sa soeur, dont l'importance n'est jamais négligée; Mémé Boul, deuxième personnage principal, que j'ai réellement aimé découvrir; Toni, inqualifiable; et quelques autres personnages de l'Hôtel Boulard.
Je vous propose quelques extraits, piochés au hasard, qui j'espère pourront vous convaincre de la belle plume de l'auteur :
« Elle lui parut, cette femme vieillissante, avec les plis de son cou qui lui faisaient comme un collier et ses chichis en forme d’éclairs au café, elle lui parut l’image de la bonté. »
« Mémé Boul venait droit sur eux, de son pas à la fois fier et balancé, grâce à quoi la petite traîne de sa robe chantilly obtenait tout l’effet désirable. Ses beaux cheveux montés en neige, le serre-cou brodé lançant mille feux, elle rayonnait de cette allègre majesté qui lui était si particulière et devant laquelle ses petites-filles s’effaçaient. »
« Baba, dit Toni, tu as l’air, dans cette robe, d’un presque papillon, d’un papillon qui hésite au seuil de la métamorphose … »
« Ses mains caressaient le clavier, il n’avait plus peur, il n’était même plus las, la musique qu’il faisait jaillir recouvrait comme une eau très douce jusqu’au souvenir de son enfance. Au bout de ses doigts naissaient des notes, des harmonies, de savants océans de sons dont il était le maître, l’artisan-né, l’amoureux. Son bonheur, c’était cela sans doute, de voltiger assis, sans mémoire, sans but, au gré de sa propre musique (…) »
« Où se rejoignent les mots et la chair ? A quel moment, par quelle alchimie, une phrase devient-elle frisson, froid dans le dos ou bouffée de chaleur ? Comment s’y prend-elle pour éveiller, plus confus encore et plus lent, ce désordre de la peau qu’on nomme le trouble ? "
En conclusion, Christine de Rivoyre a su écrire un très bon roman, exploitant de manière originale un scénario usé - celui d'une femme mariée, qui tombe amoureuse. Elle nous épargne les clichés habituels sur les amants, sur la culpabilité ou encore sur l'Amour, et nous propose une histoire rafraichissante pleine de joie de vivre.
Note :
5/5
Mon avis :
Je vous rassure : le roman n'a rien des Feux de l'Amour ! Car c'est ce que m'inspire le résumé ci-dessus, alors qu'il n'en est rien.
Le récit alterne les pensées de Séverine, dans un style parfois lapidaire correspondant parfaitement à ce que sont les pensées humaines; et la narration, souvent centrée sur un personnage en particulier. Cette écriture donne beaucoup de rythme et de vie au roman, et nous permet d'approfondir les personnages et leurs sentiments. L'écriture est très belle et très fluide, les pages se tournent toujours plus vite.
« Le pépin, la tuile. Il avait rayé le reste. Le mystère, la vie. Mais oui, la vie. A cause de Toni, une vie se préparait. Il admettait que cela se passât dans le secret d’un petit ventre indifférent. Mais c’était la vie tout de même. »
On découvre une jeune femme, Séverine, pleine de vie et de joie de vivre. Cette femme, on en suit l'évolution au fil des pages : sa vie de femme mariée, plongée dans la joie de l'habitude; les frissons qui la parcourent alors qu'elle tombe amoureuse, lentement, de Toni; sa solitude et sa détresse profonde, quand ce dernier la rejette; la dépendance qu'elle éprouve face à cet homme pour qui elle brûle; et le retour final à sa vie de couple, rythmée par l'habitude, et dont elle découvre - enfin - le bonheur. Dans le roman, tous ces sentiments s'entremêlent, se bousculent. L'écriture, dynamique, nous plonge au coeur de l'histoire : je ne me suis jamais ennuyée.
« Je l’aime. Je l’avoue en pleurant, la tête sous mon oreiller pour que Georges n’entende pas. Quelle tête il ferait, Georges, s’il me voyait pleurer. Il serait capable de crier : « Au secours ! » à travers tout l’hôtel. Et si je le réveillais ? Si je criais au secours, moi, Séverine ? Séverine, l’amoureuse abandonnée ? Si j’obligeais Georges à écouter le récit de ma peine, si je le forçais à me ramener Toni, mort ou vif ? Va-t’en, Georges. Je veux Toni à ta place, là sur l’oreiller. Je veux son corps encore inconnu contre le mien, je veux réapprendre l’amour avec lui. Va-t’en, Georges, tu as eu ton lot. Dix ans. Tu ne trouves pas que c’est assez ? Moi, je trouve que c’est trop. (…) »
Autour de Séverine gravitent d'autres personnages : son mari, Georges, à la fois effacé et mis en valeur dans le roman - tout un art -; Laurent et Baba, son frère et sa soeur, dont l'importance n'est jamais négligée; Mémé Boul, deuxième personnage principal, que j'ai réellement aimé découvrir; Toni, inqualifiable; et quelques autres personnages de l'Hôtel Boulard.
Je vous propose quelques extraits, piochés au hasard, qui j'espère pourront vous convaincre de la belle plume de l'auteur :
« Elle lui parut, cette femme vieillissante, avec les plis de son cou qui lui faisaient comme un collier et ses chichis en forme d’éclairs au café, elle lui parut l’image de la bonté. »
« Mémé Boul venait droit sur eux, de son pas à la fois fier et balancé, grâce à quoi la petite traîne de sa robe chantilly obtenait tout l’effet désirable. Ses beaux cheveux montés en neige, le serre-cou brodé lançant mille feux, elle rayonnait de cette allègre majesté qui lui était si particulière et devant laquelle ses petites-filles s’effaçaient. »
« Baba, dit Toni, tu as l’air, dans cette robe, d’un presque papillon, d’un papillon qui hésite au seuil de la métamorphose … »
« Ses mains caressaient le clavier, il n’avait plus peur, il n’était même plus las, la musique qu’il faisait jaillir recouvrait comme une eau très douce jusqu’au souvenir de son enfance. Au bout de ses doigts naissaient des notes, des harmonies, de savants océans de sons dont il était le maître, l’artisan-né, l’amoureux. Son bonheur, c’était cela sans doute, de voltiger assis, sans mémoire, sans but, au gré de sa propre musique (…) »
« Où se rejoignent les mots et la chair ? A quel moment, par quelle alchimie, une phrase devient-elle frisson, froid dans le dos ou bouffée de chaleur ? Comment s’y prend-elle pour éveiller, plus confus encore et plus lent, ce désordre de la peau qu’on nomme le trouble ? "
En conclusion, Christine de Rivoyre a su écrire un très bon roman, exploitant de manière originale un scénario usé - celui d'une femme mariée, qui tombe amoureuse. Elle nous épargne les clichés habituels sur les amants, sur la culpabilité ou encore sur l'Amour, et nous propose une histoire rafraichissante pleine de joie de vivre.
Note :
5/5
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