ROMEO ET JULIETTE de William Shakespeare

L’histoire et une classique histoire d’amour : deux êtres que tout oppose, et ici en particulier, la famille et seulement la famille. L’orgueil, la haine, les tensions dans les rues de Vérone empêchent les deux épris de s’aimer comme il se devrait. Et pourtant, « aimer, c’est ce qu’il y a de plus beau ». Et qui n’a jamais entendu la célèbre complainte de Juliette suppliant Roméo de renier son nom et jurant d’abandonner son titre de capulet pour l’aimer ? Reconnaissons le : l’histoire que Shakespeare a su mettre en place et qui traverse les années reste gravée en nous et a du mal à s’effacer. C’est une histoire qui choque, qui brûle, qui tire des larmes et qui abasourdit.

Le déroulement des actions en pleine Italie ancienne et si belle m’a charmée. Les mœurs, les histoires de cœur, les bals, toute cette atmosphère fringuante et effervescente m’a vraiment bouleversée, et je ne saurais que vous conseiller de vous pencher vers le film de 1998 : Roméo + Juliette mettant (un film assez moderne) qui retrace parfaitement la scène du bal et de la rencontre entre les amants, ou encore la pièce de théâtre de 2003 qui a su décrire l’atmosphère dans les rues entre les deux familles. Tensions, ragots, toutes ces épines au milieu des roses que l’on ne peut pas toujours voir sont parfaitement amenées à nos yeux. Quand à Shakespeare, que dire ? Il est l’investigateur de tout ça, tirant les ficelles depuis l’autre coté, si l’on peut dire. Et son œuvre est immortelle et sa morale dure encore et toujours.

C’est un roman classique pour lequel on tremble. Que ce soit face à ces personnages déterminés, face à leurs tirades endiablées, parfois brutales, d’un amour violent et qui déchainent les passions, que ce soit face à ces moments d’extrême douceur ou de pure haine, de joie ou de tristesse, c’est un roman troublant et il est impossible de rester de marbre face à lui. Pourquoi ? Parce que les mots de Shakespeare vont droit au cœur. Dans Roméo et Juliette, chacun des deux amants dans son malheur sait trouver les mots justes pour décrire l’amour, le cadeau qu’est la vie, et l’horreur de voir tout ceci gâché par les terribles défauts des hommes, tels qu’ici l’orgueil de chaque famille.

J’ai trouvé très important chaque personnage, et après avoir visionné la comédie musicale, j’ai observé leur importance à chacun, avec un regard plus profond encore. Le prince dans la ville joue lui-même un rôle capital. Les mères, de Roméo ou de Juliette restent chacune mères malgré tout et perdent un enfant, ce qui est une douleur impossible qui unira les deux familles à la fin. Les amis : Benvolio, Mercutio, Tybalt, cousin de Juliette, sont peut être simples amis ou cousins, mais restent des éléments déclencheurs des pires tempêtes, et qui font également rire dans de nombreuses scènes. La nourrice comme une seconde mère, le pasteur comme un guide, qui lui-même est pourtant perdu dans sa propre foi et sur son chemin… Chaque personnage doit affronter ses peurs qui surgissent sans cesse et ce dans tous les domaines de la vie : être fille, femme, père, fils, mère, être désireux d’un amour qui ne nous est pas destiné (je parle ici de Paris), d’une gloire (Le prince), de toutes les femmes du monde, ou d’une seule. C’est ce qui est ici important dans l’œuvre : Shakespeare exploite non seulement le domaine de l’amour, mes les liens entre les êtres humains qui sont chacun un peu perdus dans leur propre vie, confrontés à tous ces phénomènes.

Sans laisser de coté les effluves des excès, l’humour, la jeunesse, la dépravation parfois, Shakespeare crée un équilibre au départ presque comique par moment, avec ses personnages secondaires. Même si la pièce est tragique, elle n’en reste pas délectable, et ce, que ce soit au début et dans les scènes comiques, ou sur la fin, lorsque les larmes m’en sortent.