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LIMONOV d'Emmanuel Carrère
Lun 14 Nov 2011 - 19:16
Résumé
Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mon avis et mes commentaires :
Fils d'Hélène Carrère d'Encausse, c'est peu dire qu'Emmanuel Carrère (même s'il ne conserve que la première partie de son nom) est marqué par l'histoire de la Russie, dont sa mère fut la plus brillante évocatrice. Lorsque j'ai du communiquer le titre du livre que je préfererai chroniquer à Price Minister, j'ai longuement hésité sur ce titre, tant la lecture d'un de ses précédents roman "Un Roman Russe" sur l'histoire de ses origines, m'avait paru indigeste et confus. Seul "D'autres vies que la mienne", dernier livre publié m'avait réconcilié avec lui et je tentais ma chance pour "Limonov".
Bien m'en a pris, je tiens là Le roman picaresque russe par excellence. Roman / essai à caractère biographique, ce livre se partage en 9 parties équilbrées reprenant étape par étape le fil de la vie de cette personnalité atypique ; l'écrivain / poète / révolutionnaire / contre révolutionnaie / politique national - bolchévique (sic) Edouard Lmonov et avec lui tous les bouleversements géo politiques russes.
Exercice difficile que celui de faire d'un personnage toujours vivant et relativement inconnu du public français, une espèce de "héros" quasi romantique avec un recul suffisant à l'image du culte que certains pays sud américains vouent au Che. On sent bien qu'Emmanuel Carrère est très impréssionné par le parcours de son aîné et relativement envieux de son parcours.
Retraçant le parcours de Limonov, ses oeuvres, ses jobs (tailleurs, écrivains, clochard, majordome, jet setter..), ses engagements politiques souvent douteux (pro serbe par exemple, nationaliste ou communiste), c'est toute l'histoire de la Russie modene que l'on suit. Passer de Staline à Poutine, devenu semble -t-il l'homme à abattre du moment, on suit les errements, la démagogie de Limonov. Il n'y a vraisemblablement pas de quoi en faire un héros pseudo romantique et c'est le principal reproche que j'adresse, ici, à Carrère.
Le style est brillant, la thématique passionnante mais toujours ces longueurs dans les textes et le plaisir de se scénariser absolument. Un vrai bon moment de lecture.
Une note : 8,5 / 10
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