LA VAGUE de Todd Strasser

Professeur d’histoire dans un lycée américain, Ben Ross enseigne à ses élèves la seconde guerre mondiale, et plus précisément les atrocités commises par Adolf Hitler et le parti nazi à l’encontre des Juifs mais aussi de ceux qui ne correspondaient pas à l’idéal qu’ils véhiculaient. Les élèves sont choqués de la manière dont la foule s’est laissée endoctrinée et ils sont sûrs d’une chose : il est impossible qu’une telle chose puisse se reproduire. C’est alors que Ben décide de mettre au point un projet : créer un mouvement qui se dénommera La Vague et aura pour slogan "La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l’Action". En quelques jours, ce petit lycée paisible va devenir le point de ralliement de toute une communauté : les partisans de la Vague qui n’auront de cesse que d’enrôler ceux qui n’ont pas encore rejoint le mouvement. Sauf que ce projet pourrait être réellement dangereux s’il en venait à déraper…

Quand j’ai refermé La Vague, je me suis dit "Wahou ! Quel bouquin !". C’est vraiment incroyable ce que ce professeur d’histoire est arrivé à faire, jusqu’où est allé cette expérience. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que cette histoire est basée sur des faits réels. Ainsi, on se rend compte que lorsque l’on promet l’union entre les membres d’une communauté, l’égalité et la fin des différences entre les uns et les autres, les gens se laissent facilement endoctriner. Même Ben, pour qui tout cela n’était qu’une expérience au début, se laisse rapidement prendre au jeu de leader du groupe. Il leur crée un slogan et un mouvement qui leur permet de se reconnaître entre eux. Mais bien évidemment, tout cela va aller trop loin, comme pressent Laurie, notre héroïne qui y voit clair dans tout ça. Elle tente d’y remédier, par exemple grâce au journal de l’école, mais seule contre tous, comment peut-elle faire quelle chose ? C’est avec brio que cette histoire est narrée, malgré un style assez simple. On est totalement embarquée par cette histoire en se disant "Ce n’est pas possible. Mais jusqu’où cela ira-t-il?" On ne peut rester indifférent à ce qui se déroule, et c’est avec effroi que l’on se dit que l’horreur pourrait se reproduire. Un livre poignant à mettre entre toutes les mains. Une lecture dont on ne ressort pas indemne et qui me fera réfléchir encore longtemps. Enfin, je conclurai ce billet par une phrase de Jean-Claude Gewsewitch : "un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir".