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Date d'inscription : 21/04/2011
Clermont-Ferrand
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HISTOIRE D'AMOUR de Régis Jauffret
Mer 27 Avr 2011 - 19:48
Résumé
"J'ai été réveillé par l'irruption de deux inspecteurs de police dans la chambre. Elle était là, elle remontait le rideau roulant. Dehors il faisait jour, j'avais dormi d'un trait. Ils m'ont sommé de m'habiller et de les suivre. - Pourquoi ? Ils m'ont jeté mes vêtements à la tête. - Dépêchez-vous. Quand j'ai été vêtu ils m'ont passé les menottes. Je me suis dit que je ne savais même pas son prénom. En sortant de l'appartement, j'ai vu son nom sous la sonnette, elle s'appelait Sophie Galot. Au commissariat, ils m'ont expliqué qu'elle avait porté plainte contre moi pour viol."
166 pages
1 mars 2000
5€41 (Poche)
Gallimard
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Re: HISTOIRE D'AMOUR de Régis Jauffret
Mer 27 Avr 2011 - 21:20
Encore un livre acheté un peu au hasard dans le cadre de mes études, en littérature contemporaine, dans la liste d'auteurs donnée par ma prof.
Mon avis :
La première règledu fight club: ne pas se fier à la couverture d'un livre, ce que je fais pourtant souvent. La deuxième règle devrait être de ne pas plus faire confiance au titre, c'est ce qu'Histoire d'amour nous apprend, presque dans la douleur.
La quatrième de couverture (= le résumé dans le premier message) fait déjà son petit effet, en nous offrant quelque chose de très éloigné de ce que le titre nous laissait imaginer. Dès lors, on s'interroge. Cet homme a-t-il été piegé, pourquoi, par qui? Comment va-t-il s'en sortir?
Avec mes suppositions, j'étais encore bien loin du compte.
On est propulsé très vite dans le roman, avec ce narrateur qui raconte à la première personne sans que l'on ne sache jamais son prénom.
"Un matin, je l'ai vue assise en face de moi dans le wagon de métro qui me ramenait du lycée. J'ai tout de suite compris qu'elle serait ma femme."
A nouveau, un instant de surprise. Alors c'est bien une histoire d'amour? On aurait presque pu y croire si cette introduction n'était pas tout de suite suivie d'une description hyper-sexuée de cette jeune femme. Très vite, on se trouve vaguement mal à l'aise, gené par ce regard sans détour que l'on est obligé de partager. Incapable d'aborder la jeune femme, il va la suivre à son arrêt, puis dans la rue, jusqu'à la boutique où elle travaille. Il n'osera pas rentrer, alors il attendra la fin de sa journée de travail, et il la suivra encore, jusque chez elle, dans son immeuble. Presque à sa porte, elle le remarquera, elle prendra peur, restera tetanisée. Il essaie de la rassurer, se présente, exprime son désir de la connaître... et prend le trousseau de clefs qu'elle tenait à la main, l'invitant à entrer dans l'appartement en sa compagnie. Il essaie de discuter, elle ne dit rien, effrayée. Le viol se déroule dès la 7ème page, presque banalisé, le narrateur n'y voyant qu'une scène d'amour, sans jamais se rendre compte du mal infligé à sa victime.
Car Histoire d'amour, c'est un coup de foudre malsain, à sens unique. Notre narrateur est un prof tout ce qu'il y a de plus normal, on le découvre au fur et à mesure avec une vie sociale remplie, une situation paisible, un homme insoupçonnable en résumé. Et pourtant, habité par des pulsions qu'il ne peut réprimer, c'est un violeur-gentleman, qui se ment à lui-même, qui transforme son besoin de possession en désir de séduction et de conquête.
Il n'aura qu'une seule obsession, Sophie Galot, la "femme de sa vie". Après le premier viol, il fera deux mois de prison, jusqu'à ce qu'elle retire sa plainte pour une raison inconnue. Malgré ce séjour pénible, il n'aura de cesse de la traquer, l'attendre devant chez elle, forçant l'entrée, la retrouvant malgré les déménagements, allant la chercher jusque sur ses différents lieux de travail, allant harceler ses parents... A aucun moment, il ne se perçoit comme un violeur. Il veut la convaincre, qu'elle apprenne à le connaître, et si elle ne peut pas l'aimer, au moins, qu'elle s'efforce de l'endurer, car de toute façon, l'envie ultime qu'il ressent est insurmontable, elle n'aura jamais le choix.
Ce livre est effroyable, fascinant. On est très violemment projeté dans les désirs de cet homme, et c'est dérangeant, car on sent presque sa "bonne foi", on se demande jusqu'à quel point il y croit. On vit le roman avec lui, on le déteste, mais on le suit. Paradoxalement, Sophie n'ouvrira jamais la bouche de tout le roman, ou seulement à de rares occasions, par monosyllabes.
On se demande combien de temps ce manège pourra durer. On souffre pour cette femme silencieuse, qui abandonne progressivement, ne voit plus d'échappatoire.
J'ai dévoré ce livre, qui m'a totalement bluffée. J'ai adoré détester ce narrateur, j'ai vraiment apprécié que pour une fois, on nous offre de découvrir ce point de vue là. La virulence, cruelle, de notre "héros" est parfaitement effroyable, les jugements qu'ils portent sur certains de ses semblables, totalement méprisants. Le choix du traitement du sujet est tranché, à aucun moment on ne se placera du côté de la victime, on n'aura jamais le droit de connaître directement son calvaire, on ne le devinera qu'à travers le plaisir que lui ressent.
Les dernières lignes du roman sont magistrales, d'une horreur superbe.
Ma note : 5/5
Bon, j'ai pas mal hésité pour la note, c'est très subjectif. C'est pas forcement un de mes livres préférés, mais c'est sans doute, parmi mes lectures récentes, l'un de ceux qui m'a le plus surprise, voir choquée, j'étais totalement fascinée et revulsée, et rien que pour ça, je trouve que ça mérite le 5.
Je le conseillerais à... : Des personnes qui cherchent une vision rare et dérangeante, amorale, qui mène également à réflechir sur le côté obscurede la force des pulsions, d'une societé où le danger est de plus en plus camouflé, enrobé... Je le conseillerais aussi à tout ceux qui veulent essayer quelque chose d'un peu différent de ce que l'on voit d'ordinaire, car pour le coup, on peut difficilement faire mieux je pense.
Je le déconseillerais à... : Des gens un peu "sensibles", ou facilement choqués, même s'il n'y a pas de scènes insoutenables (les scènes sexuels tiennent sur quelques lignes, les termes sont sans détour mais jamais exagérés ni rien), l'idée seule peut suffire à mettre mal à l'aise je pense. L'absence de moral et la fin peuvent aussi déplaire. D'autres s'ennuieront peut-etre de la traque qui semble être sans cesse une répétition des mêmes rituels, gestes et phrases...
La première règle
La quatrième de couverture (= le résumé dans le premier message) fait déjà son petit effet, en nous offrant quelque chose de très éloigné de ce que le titre nous laissait imaginer. Dès lors, on s'interroge. Cet homme a-t-il été piegé, pourquoi, par qui? Comment va-t-il s'en sortir?
Avec mes suppositions, j'étais encore bien loin du compte.
On est propulsé très vite dans le roman, avec ce narrateur qui raconte à la première personne sans que l'on ne sache jamais son prénom.
"Un matin, je l'ai vue assise en face de moi dans le wagon de métro qui me ramenait du lycée. J'ai tout de suite compris qu'elle serait ma femme."
A nouveau, un instant de surprise. Alors c'est bien une histoire d'amour? On aurait presque pu y croire si cette introduction n'était pas tout de suite suivie d'une description hyper-sexuée de cette jeune femme. Très vite, on se trouve vaguement mal à l'aise, gené par ce regard sans détour que l'on est obligé de partager. Incapable d'aborder la jeune femme, il va la suivre à son arrêt, puis dans la rue, jusqu'à la boutique où elle travaille. Il n'osera pas rentrer, alors il attendra la fin de sa journée de travail, et il la suivra encore, jusque chez elle, dans son immeuble. Presque à sa porte, elle le remarquera, elle prendra peur, restera tetanisée. Il essaie de la rassurer, se présente, exprime son désir de la connaître... et prend le trousseau de clefs qu'elle tenait à la main, l'invitant à entrer dans l'appartement en sa compagnie. Il essaie de discuter, elle ne dit rien, effrayée. Le viol se déroule dès la 7ème page, presque banalisé, le narrateur n'y voyant qu'une scène d'amour, sans jamais se rendre compte du mal infligé à sa victime.
Car Histoire d'amour, c'est un coup de foudre malsain, à sens unique. Notre narrateur est un prof tout ce qu'il y a de plus normal, on le découvre au fur et à mesure avec une vie sociale remplie, une situation paisible, un homme insoupçonnable en résumé. Et pourtant, habité par des pulsions qu'il ne peut réprimer, c'est un violeur-gentleman, qui se ment à lui-même, qui transforme son besoin de possession en désir de séduction et de conquête.
Il n'aura qu'une seule obsession, Sophie Galot, la "femme de sa vie". Après le premier viol, il fera deux mois de prison, jusqu'à ce qu'elle retire sa plainte pour une raison inconnue. Malgré ce séjour pénible, il n'aura de cesse de la traquer, l'attendre devant chez elle, forçant l'entrée, la retrouvant malgré les déménagements, allant la chercher jusque sur ses différents lieux de travail, allant harceler ses parents... A aucun moment, il ne se perçoit comme un violeur. Il veut la convaincre, qu'elle apprenne à le connaître, et si elle ne peut pas l'aimer, au moins, qu'elle s'efforce de l'endurer, car de toute façon, l'envie ultime qu'il ressent est insurmontable, elle n'aura jamais le choix.
Ce livre est effroyable, fascinant. On est très violemment projeté dans les désirs de cet homme, et c'est dérangeant, car on sent presque sa "bonne foi", on se demande jusqu'à quel point il y croit. On vit le roman avec lui, on le déteste, mais on le suit. Paradoxalement, Sophie n'ouvrira jamais la bouche de tout le roman, ou seulement à de rares occasions, par monosyllabes.
On se demande combien de temps ce manège pourra durer. On souffre pour cette femme silencieuse, qui abandonne progressivement, ne voit plus d'échappatoire.
J'ai dévoré ce livre, qui m'a totalement bluffée. J'ai adoré détester ce narrateur, j'ai vraiment apprécié que pour une fois, on nous offre de découvrir ce point de vue là. La virulence, cruelle, de notre "héros" est parfaitement effroyable, les jugements qu'ils portent sur certains de ses semblables, totalement méprisants. Le choix du traitement du sujet est tranché, à aucun moment on ne se placera du côté de la victime, on n'aura jamais le droit de connaître directement son calvaire, on ne le devinera qu'à travers le plaisir que lui ressent.
Les dernières lignes du roman sont magistrales, d'une horreur superbe.
Ma note : 5/5
Bon, j'ai pas mal hésité pour la note, c'est très subjectif. C'est pas forcement un de mes livres préférés, mais c'est sans doute, parmi mes lectures récentes, l'un de ceux qui m'a le plus surprise, voir choquée, j'étais totalement fascinée et revulsée, et rien que pour ça, je trouve que ça mérite le 5.
Je le conseillerais à... : Des personnes qui cherchent une vision rare et dérangeante, amorale, qui mène également à réflechir sur le côté obscure
Je le déconseillerais à... : Des gens un peu "sensibles", ou facilement choqués, même s'il n'y a pas de scènes insoutenables (les scènes sexuels tiennent sur quelques lignes, les termes sont sans détour mais jamais exagérés ni rien), l'idée seule peut suffire à mettre mal à l'aise je pense. L'absence de moral et la fin peuvent aussi déplaire. D'autres s'ennuieront peut-etre de la traque qui semble être sans cesse une répétition des mêmes rituels, gestes et phrases...
Re: HISTOIRE D'AMOUR de Régis Jauffret
Lun 11 Juin 2012 - 22:08
Dans la peau d'un violeur
Lui, professeur d'Anglais, rencontre par hasard une jeune demoiselle dans le métro. Et comme ça, il décide de la suivre, persuadé que c'est elle la femme de sa vie. Il la file jusque chez elle, puis la force à entrer. Il essaie de la mettre un peu à l'aise, tout en espérant lui plaire. Car, le sait-il à l'avance ou pas, il va lui faire l'amour dans quelques minutes, ou plutôt un "rapport" ou un "coït", tout en pensant qu'elle devrait apprécier. Après cela, il finit par s'endormir et il est réveillé par les flics le lendemain. Elle a porté plainte contre lui.
Mais, on ne sait pourquoi, elle la retire au bout de quelques temps. Et lui, ce violeur-aimant pense que finalement elle regrette son geste. Et pendant 160 pages, il va la harceler tout en se faisant des films dans la tête. C'est un violeur-mythomane.
Le pire dans tout ça, c'est qu'il ne se rend pas compte de l'extrême cruauté de ses actes. Oui il se rend compte qu'elle pleure tout le temps, qu'à priori elle n'est pas consentante, mais pourquoi ne porte-t-elle pas à nouveau plainte contre lui??? Pour lui, c'est comme un encouragement, et au fur et à mesure du temps il ne peut plus se passer d'elle. Il est capable des pires choses si elle réussit à lui échapper.
Ce livre est complètement immoral. On est dans la peau du violeur et cela fait une drôle d'impression. Comment l'auteur a-t-il réussi à se mettre aussi bien dans la peau de cette ignominie? Ca donne la chair de poule.
Oui il est immoral, mais tellement bien écrit! Je l'ai lu en 3 heures, avalé on pourrait dire. Mais malgré ça, je ne peux pas lui mettre 5/5 en étant une femme.
Ma note : 4,5/5
Re: HISTOIRE D'AMOUR de Régis Jauffret
Lun 16 Juil 2012 - 16:22
Oui mais très très bizarre dû au fait qu'on soit dans la peau du violeur... J'étais assez mal des fois...
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