LE REVE DU MAMMOUTH de Rachel Tanner
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LE REVE DU MAMMOUTH de Rachel Tanner
LE REVE DU MAMMOUTH de Rachel Tanner
Sam 26 Fév 2011 - 12:58
Résumé
Il y a 35 000 ans, dans le sud-ouest de la France...
La tribu d'Hamzu est menacée d'extinction sous les coups cruels des Face-Plates venant du Nord. Seul Temür le chasseur comprend que, pour survivre, il va lui falloir entreprendre un grand voyage, au-delà des Montagnes Noires, un périple qui lui a été dicté par LE RÊVE DU MAMMOUTH...
316 pages
RIVIERE BLANCHE
RIVIERE BLANCHE
- InvitéInvité
Re: LE REVE DU MAMMOUTH de Rachel Tanner
Sam 23 Avr 2011 - 15:57
Tout d'abord, un grand merci à Karine, administratrice du site Club de lecture et aux éditions Rivière Blanche pour ce partenariat. Le rêve du Mammouth n'est néanmoins pas très représentatif de cette maison d'édition, à la base axée sur le fantastique et le surnaturel.
Ce roman présente la vie d'une tribu, le clan du Mammouth, vivant il y a moins 35000 ans. On ne parvient pas vraiment à démêler les faits avérés de l'imagination de l'auteur, mais Rachel Tanner nous montre une tribu fonctionnant telle une petite société. Nous avons le chef, les hommes (les plus de 13 ans) qui partent chasser, les femmes qui cuisinent, s'occupent des enfants...(oui, vous aussi ça vous rappelle quelque chose? ;-) )
Mais le plus remarquable, ce sont les thèmes plus universels, parfois plus triviaux qui sont abordés dans ce roman, et tiennent une place importante dans la tribu: beaucoup, beaucoup de potins et ragots circulent du côté des femmes; la jalousie féminine, l'amour non réciproque,et le désir provoqué par de jolies formes peuvent vous miner un homme; d'autres hommes sont prêts à pas mal de choses pour devenir chef de clan et assouvir leur soif de pouvoir...Il semble qu'à 35000 ans d'écart, l'homme soit toujours l'homme!
La seule chose que je déplore dans ce roman est le manque d'une véritable intrigue. Certes il y en a une, mais qui sert plutôt de toile de fond à un livre qui s'attache d'abord à nous présenter cette tribu. Nous assistons néanmoins dans ce roman à la rencontre entre l'homme de Néandertal (notre tribu) et l'Hommo sapiens sapiens ou "homme de cro-magnon" , ou "homme moderne"....nous, quoi!(aucun nom d'espèce humaine n'est citée dans le livre, mais d'après les dates et les déscriptions, c'est ce que j'ai compris). Notre clan du Mammouth sera d'ailleurs un des derniers de son espèce, celle-ci disparaissant peu après.
En bref, un roman que j'ai eu plaisir à lire pour le contexte et l'époque, mais dont je regrette le manque d'action et d'intrigue.
Désolée Karine et Vany pour le retard!
Re: LE REVE DU MAMMOUTH de Rachel Tanner
Ven 10 Fév 2012 - 20:56
Mon avis :
Je viens juste de le refermer et pourtant, je brûle d’envie de le lire à nouveau. Ce roman est une merveille, il m’a totalement séduite et je ne peux que vous le recommander avec ardeur!
Dès la première page, le lecteur est transporté 35 000 ans en arrière au sein du clan des Mammouths, dans le sud-ouest de la France.
Confronté aux anciens hommes, le lecteur apprend progressivement à les connaître, ou devrais-je dire, à s’en souvenir.
Ainsi, grâce à des indices glissés subtilement au fil des pages, le lecteur se familiarise avec leurs caractéristiques physiques : le front bas, des arcades sourcilières proéminentes, un menton non existant, un corps très musclé et robuste malgré une petite taille, ainsi qu’une grande résistance aux intempéries. Au détour d’un chemin ou encore au travers des yeux d’un jeune garçon découvrant sa sexualité, le lecteur prend plaisir à découvrir ou redécouvrir les différents outils, objets et installations inventés par nos ancêtres, et ce dans les moindres détails : la manière dont ils étaient fabriqués et avec quels matériaux, leurs formes diverses, les sensations au toucher et à quelles fins ils étaient employés. J’étais captivée et je ne me suis jamais ennuyée : bien loin du cours d’histoire traditionnel de primaire, le roman est vivant! Des dialogues rythmés et réalistes, des personnages hauts en couleurs, et nul besoin d’illustrations pour imaginer les paysages ou objets tant ils sont bien décrits. J’ai admiré ces hommes d’il y a 35 000 ans qui fabriquaient eux-mêmes leurs outils, en comprenant à la fois le mécanisme et l’utilité.
« Ankidou saisit un bloc de silex de la main gauche et l’examina. Nul n’avait son œil pour repérer une fissure au cœur d’un bloc apparemment parfait, nul n’avait son instinct pour sélectionner les meilleures pierres d’où jailliraient les lames minces, rectilignes et étroites. Ses yeux bruns se plissèrent, sculptant un fin réseau de rides décolorées à l’angle des paupières. Il orienta le silex brut de manière à obtenir un plan de frappe précis. »
Le lecteur découvre ses ancêtres en tant qu’êtres humains, une approche sociologique donc de ces hommes préhistoriques : on les découvre ainsi unis dans leur sentiment d’appartenance à un même clan, attachés à leurs traditions, capables d’amour mais n’assimilant pas ce sentiment à la procréation, et quantité d’autres choses que je vous laisse le soin de découvrir.
Vous l’aurez compris, le lecteur n’est jamais extérieur à l’histoire, personnage froid et attentif : dans ce roman, le lecteur entre dans l’Histoire. Il apprend non seulement les traditions propres à la tribu du Mammouth, mais il apprend surtout à comprendre celles-ci. C’est en les comprenant que le lecteur s’attache à ses membres et ressent de plus en plus intensément leurs émotions, jusqu’à partager leurs bonheurs et malheurs. Toutefois, certains sentiments ou traditions demeurent impossible à partager : je pense au viol d’une femme symbolisant la soumission de sa tribu ou encore au cannibalisme qui était pour ces hommes un rituel post-mortem sacré et nécessaire à tous les êtres vivants. L’écriture de Rachel Tanner est donc remarquable, puisqu’elle parvient à nous faire comprendre et partager, au travers d’un récit bien travaillé et emprunt de réalisme, la vie quotidienne de ces anciens hommes.
« Shamash fit courir son couteau sur le ventre du plus gros des mâles et sortit les entrailles chaudes à pleines mains. Une colonne d’air fumant s’éleva du corps. Tandis que le chef du clan du Mammouth découpait soigneusement le foie en petits carrés, tout le monde se rassembla autour de lui. Plus un bruit, hormis le bourdonnement des mouches. Couteau brandi, Shamash s’adressa aux Esprits :
-Nous te remercions, Seigneur des Bêtes. Et toi, grand Renne, merci d’être venu si près. Nous espérons te revoir. »
Très vite, le lecteur est confronté aux difficultés de la vie de ses ancêtres : celle-ci étant rythmée par les changements de saisons, et donc par les migrations des animaux, les chasseurs devaient accumuler suffisamment de nourriture pour permettre à la tribu entière de survivre jusqu’à six mois dans un hiver glacial qui n’épargnait personne. La chasse occupe donc une place importante – voire prépondérante – dans le récit. J’ai aimé découvrir les techniques de chasse et j’ai surtout admiré l’esprit d’équipe qui animait ces hommes. J’aurais cependant aimé en apprendre plus sur les animaux chassés, les découvrir au delà de leurs noms et de l’utilisation post-mortem de leurs chairs, peaux, os, tendons, ligaments, viscères, etc.
« Avec un rugissement de défi, le lion apparut. Ses yeux jaunes fixèrent Hamzu. Fasciné malgré lui, le chasseur ne put s’empêcher d’admirer l’élégance mortelle du félin qui avançait à grands pas élastiques, les babines retroussées sur ses canines supérieures. Elles étaient acérées et longues comme des couteaux. Aussi impressionnantes soient-elles, le danger ne venait pas des dents, mais des griffes. Le lion immobilise d’abord sa proie avant de l’égorger.
Deux sagaies volèrent, trop courtes pour faire mouche. Le lion tourna le mufle vers les nouveaux venus et coucha les oreilles en fouettant l’air de sa queue. Les silhouettes verticales l’inquiétaient. Leur odeur lui apprenait qu’elles n’avaient pas peur. Qu’est-ce qui les rendait si sûres d’elles ? Trois créatures d’apparence fragile, sans griffe ni corne ni dent, de corpulence modeste, et pourtant le lion se méfiait. »
La rencontre avec les Faces-Plates devient rapidement l’élément le plus important du roman, et également le plus consistant. Derrière un conflit de territoires entre tribus se dessine en réalité l’histoire de l’Humanité, car en confrontant la tribu du Mammouth aux Faces-Plates, l’auteur permet au lecteur d’entrer dans une période clé de l’Histoire : celle de l’évolution. En effet, la confrontation rapide et inévitable entre l’Homme de Neandertal et l’Homo sapiens invite le lecteur à une réflexion sur un des mystères de la préhistoire : la disparition de l’Homme de Neandertal en à peine quelques milliers d’années, alors même que venait d’apparaître l’Homo sapiens. Ce que décrit le roman est très subjectif, puisqu’aujourd’hui il existe plusieurs thèses sur ce sujet et qu’aucun consensus n’a été établi ; c’est donc l’une de ces thèses que le lecteur peut découvrir : celle du génocide.
En effet, l’Homo sapiens apparaît d’emblée non seulement très différent physiquement – un front plat et haut, des yeux plus larges, un menton existant et une plus grande taille – mais également très violent, ne respectant pas les mêmes coutumes que l’Hommes de Neandertal. Cette violence se caractérise surtout par le massacre sans pitié des tribus qui leur sont étrangères. Lors de ma lecture, je n’ai pas immédiatement fait le rapprochement entre les Faces-Plates et l’Homo sapiens : la plume de l’auteure est en effet très efficace, puisqu’en découvrant ces hommes modernes au travers des yeux de l’Homme de Neandertal, le lecteur découvre un monstre – sans comprendre immédiatement qu’il s’agit de son ancêtre le plus proche.
Cette partie du roman est d’autant plus intéressante que l’auteure a tenté d’imaginer les réactions de l’Homme de Neandertal face à cet envahisseur : la tribu du Mammouth va ainsi adopter une Face-Plate, essayant de la comprendre et de l’intégrer à la tribu. Toutefois et en dépit de ses efforts, l’Homme de Neandertal est voué à l’extinction. Je n’ai pu réprimer un frisson à la lecture des dernières lignes de cet ouvrage : nos ancêtres ont-ils vraiment massacré toute une race pour mieux s’imposer sur Terre ?
Ma note :
5/5
Je viens juste de le refermer et pourtant, je brûle d’envie de le lire à nouveau. Ce roman est une merveille, il m’a totalement séduite et je ne peux que vous le recommander avec ardeur!
Dès la première page, le lecteur est transporté 35 000 ans en arrière au sein du clan des Mammouths, dans le sud-ouest de la France.
Confronté aux anciens hommes, le lecteur apprend progressivement à les connaître, ou devrais-je dire, à s’en souvenir.
Ainsi, grâce à des indices glissés subtilement au fil des pages, le lecteur se familiarise avec leurs caractéristiques physiques : le front bas, des arcades sourcilières proéminentes, un menton non existant, un corps très musclé et robuste malgré une petite taille, ainsi qu’une grande résistance aux intempéries. Au détour d’un chemin ou encore au travers des yeux d’un jeune garçon découvrant sa sexualité, le lecteur prend plaisir à découvrir ou redécouvrir les différents outils, objets et installations inventés par nos ancêtres, et ce dans les moindres détails : la manière dont ils étaient fabriqués et avec quels matériaux, leurs formes diverses, les sensations au toucher et à quelles fins ils étaient employés. J’étais captivée et je ne me suis jamais ennuyée : bien loin du cours d’histoire traditionnel de primaire, le roman est vivant! Des dialogues rythmés et réalistes, des personnages hauts en couleurs, et nul besoin d’illustrations pour imaginer les paysages ou objets tant ils sont bien décrits. J’ai admiré ces hommes d’il y a 35 000 ans qui fabriquaient eux-mêmes leurs outils, en comprenant à la fois le mécanisme et l’utilité.
« Ankidou saisit un bloc de silex de la main gauche et l’examina. Nul n’avait son œil pour repérer une fissure au cœur d’un bloc apparemment parfait, nul n’avait son instinct pour sélectionner les meilleures pierres d’où jailliraient les lames minces, rectilignes et étroites. Ses yeux bruns se plissèrent, sculptant un fin réseau de rides décolorées à l’angle des paupières. Il orienta le silex brut de manière à obtenir un plan de frappe précis. »
Le lecteur découvre ses ancêtres en tant qu’êtres humains, une approche sociologique donc de ces hommes préhistoriques : on les découvre ainsi unis dans leur sentiment d’appartenance à un même clan, attachés à leurs traditions, capables d’amour mais n’assimilant pas ce sentiment à la procréation, et quantité d’autres choses que je vous laisse le soin de découvrir.
Vous l’aurez compris, le lecteur n’est jamais extérieur à l’histoire, personnage froid et attentif : dans ce roman, le lecteur entre dans l’Histoire. Il apprend non seulement les traditions propres à la tribu du Mammouth, mais il apprend surtout à comprendre celles-ci. C’est en les comprenant que le lecteur s’attache à ses membres et ressent de plus en plus intensément leurs émotions, jusqu’à partager leurs bonheurs et malheurs. Toutefois, certains sentiments ou traditions demeurent impossible à partager : je pense au viol d’une femme symbolisant la soumission de sa tribu ou encore au cannibalisme qui était pour ces hommes un rituel post-mortem sacré et nécessaire à tous les êtres vivants. L’écriture de Rachel Tanner est donc remarquable, puisqu’elle parvient à nous faire comprendre et partager, au travers d’un récit bien travaillé et emprunt de réalisme, la vie quotidienne de ces anciens hommes.
« Shamash fit courir son couteau sur le ventre du plus gros des mâles et sortit les entrailles chaudes à pleines mains. Une colonne d’air fumant s’éleva du corps. Tandis que le chef du clan du Mammouth découpait soigneusement le foie en petits carrés, tout le monde se rassembla autour de lui. Plus un bruit, hormis le bourdonnement des mouches. Couteau brandi, Shamash s’adressa aux Esprits :
-Nous te remercions, Seigneur des Bêtes. Et toi, grand Renne, merci d’être venu si près. Nous espérons te revoir. »
Très vite, le lecteur est confronté aux difficultés de la vie de ses ancêtres : celle-ci étant rythmée par les changements de saisons, et donc par les migrations des animaux, les chasseurs devaient accumuler suffisamment de nourriture pour permettre à la tribu entière de survivre jusqu’à six mois dans un hiver glacial qui n’épargnait personne. La chasse occupe donc une place importante – voire prépondérante – dans le récit. J’ai aimé découvrir les techniques de chasse et j’ai surtout admiré l’esprit d’équipe qui animait ces hommes. J’aurais cependant aimé en apprendre plus sur les animaux chassés, les découvrir au delà de leurs noms et de l’utilisation post-mortem de leurs chairs, peaux, os, tendons, ligaments, viscères, etc.
« Avec un rugissement de défi, le lion apparut. Ses yeux jaunes fixèrent Hamzu. Fasciné malgré lui, le chasseur ne put s’empêcher d’admirer l’élégance mortelle du félin qui avançait à grands pas élastiques, les babines retroussées sur ses canines supérieures. Elles étaient acérées et longues comme des couteaux. Aussi impressionnantes soient-elles, le danger ne venait pas des dents, mais des griffes. Le lion immobilise d’abord sa proie avant de l’égorger.
Deux sagaies volèrent, trop courtes pour faire mouche. Le lion tourna le mufle vers les nouveaux venus et coucha les oreilles en fouettant l’air de sa queue. Les silhouettes verticales l’inquiétaient. Leur odeur lui apprenait qu’elles n’avaient pas peur. Qu’est-ce qui les rendait si sûres d’elles ? Trois créatures d’apparence fragile, sans griffe ni corne ni dent, de corpulence modeste, et pourtant le lion se méfiait. »
La rencontre avec les Faces-Plates devient rapidement l’élément le plus important du roman, et également le plus consistant. Derrière un conflit de territoires entre tribus se dessine en réalité l’histoire de l’Humanité, car en confrontant la tribu du Mammouth aux Faces-Plates, l’auteur permet au lecteur d’entrer dans une période clé de l’Histoire : celle de l’évolution. En effet, la confrontation rapide et inévitable entre l’Homme de Neandertal et l’Homo sapiens invite le lecteur à une réflexion sur un des mystères de la préhistoire : la disparition de l’Homme de Neandertal en à peine quelques milliers d’années, alors même que venait d’apparaître l’Homo sapiens. Ce que décrit le roman est très subjectif, puisqu’aujourd’hui il existe plusieurs thèses sur ce sujet et qu’aucun consensus n’a été établi ; c’est donc l’une de ces thèses que le lecteur peut découvrir : celle du génocide.
En effet, l’Homo sapiens apparaît d’emblée non seulement très différent physiquement – un front plat et haut, des yeux plus larges, un menton existant et une plus grande taille – mais également très violent, ne respectant pas les mêmes coutumes que l’Hommes de Neandertal. Cette violence se caractérise surtout par le massacre sans pitié des tribus qui leur sont étrangères. Lors de ma lecture, je n’ai pas immédiatement fait le rapprochement entre les Faces-Plates et l’Homo sapiens : la plume de l’auteure est en effet très efficace, puisqu’en découvrant ces hommes modernes au travers des yeux de l’Homme de Neandertal, le lecteur découvre un monstre – sans comprendre immédiatement qu’il s’agit de son ancêtre le plus proche.
Cette partie du roman est d’autant plus intéressante que l’auteure a tenté d’imaginer les réactions de l’Homme de Neandertal face à cet envahisseur : la tribu du Mammouth va ainsi adopter une Face-Plate, essayant de la comprendre et de l’intégrer à la tribu. Toutefois et en dépit de ses efforts, l’Homme de Neandertal est voué à l’extinction. Je n’ai pu réprimer un frisson à la lecture des dernières lignes de cet ouvrage : nos ancêtres ont-ils vraiment massacré toute une race pour mieux s’imposer sur Terre ?
Ma note :
5/5
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