LES EVAPORES de Thomas B. Reverdy

Dans ce roman, Thomas B. Reverdy à travers l'enquête de Richard et Yukiko nous dépeint le Japon d'après la catastrophe de Fukushima. De San'ya quartier de Tokyo où les évaporés viennent chercher du travail comme « journaliers », au Nord où ils sont employés au déblaiement. L'enquête nous mène aux camps de réfugiés de Sendai, à Fukushima et sa zone contaminée où ces fantômes travaillent pour des sous- sous-traitants, ces entreprises avec juste une boîte postale, des yakuzas en fait.

Comme son personnage principal, Richard B. détective privé et poète à la fois, ce roman allie deux styles bien différents : journalistique et poétique. Je parle de journalisme parce que le sujet va bien au-delà de la disparition de Kaze et fait penser à l'enquête d'un reporter découvrant le Japon après Fukushima, disséquant le fonctionnement de sa société, ou devrais-je plutôt dire ses dysfonctionnements et ses oubliés. Mais parfois, le temps d'un chapitre, c'est le poète qui pose son regard sur le monde qui l'entoure et derrière ses mots le lecteur devine sa fascination pour ce pays si différent : la langue devient alors poétique et rêveuse ; l'auteur nous gratifie de magnifiques passages sur l'amour, le rapport à l'autre, la vie tout simplement. Cette alternance et des chapitres courts donnent une dynamique au roman particulièrement appréciable.

Par contre, je n'ai pas vraiment "accroché" avec les deux personnages principaux. L'auteur ne fait que les esquisser. La femme japonaise ? Belle, énigmatique, fascinante mais inaccessible. L'ex-amant américain ? Un peu lourdaud, un détective sans client donnant l'impression de se laisser porter par les événements. À la rendre si inaccessible, Yukiko ne vous touche plus ; quant à lui, sa maladresse, son laisser-aller ont fini par presque m'agacer. Ce choix sûrement volontaire de la part de l'auteur ne permet pas de s'attacher, à vrai dire le gamin et l'évaporé m'ont beaucoup plus touchée.

Pour résumé, une belle rencontre avec un auteur que je ne connaissais absolument pas. Un vrai plaisir de lecture car la langue est vraiment très belle. Sauf que j'aurais aimé avoir plus d'empathie pour Yukiko et Richard. Mais peut-être que le vrai héros de ce roman est le Japon ? À la fois brutal et poétique, je l'ai trouvé fascinant dans ce livre sans doute parce que sa vérité reste hors de portée de nous autres pauvres occidentaux, il garde la beauté de son mystère.

ma note : 4/5

Il me tente bien celui-là!
Je suis curieuse de lire un livre sur l'après-Fukushima.

Par contre tu as oublié le sondage et il faudrait mettre l'écriture en blanc, tu pourrais corriger ça s'il-te-plaît Seshat? Merci!

oops désolée
sondage et couleur corrigés

oui ce livre est pas mal du tout.
J'ai bien aimé cet équilibre improbable mais tout à fait réussi entre les rêveries poétiques sur le japon et l'action elle-même.
L'auteur a écrit ce roman suite à un séjour sur place.
c'est très bien documenté.
Franchement le japon des oubliés fait froid dans le dos. Le "système" mis en place dans le nord par les yakuza est ignoble.