LE TUEUR INTIME de Claire Favan

Je me souviendrais pendant très longtemps de Will Edwards. On rentre dans sa tête mais il rentre dans la notre aussi rendant cette lecture particulièrement oppressante.

Durant son adolescence, la vie met sur sa route Samantha, qui va devenir un objet de convoitise, son obsession, sa passion et il va tout faire pour qu'elle devienne sa chose. Il ne reculera devant aucune atrocité.

Et pour ne pas abimer son jouet, il s'en prendra à d'autres femmes semant ainsi la mort et la désolation dans le pays pendant plusieurs années.

Toutes les équipes d'enquêteurs se casseront le nez car rien n'est laissé au hasard, pas d'indices, pas de traces, laissant la police et les familles en plein marasme.

Il faut attendre qu'ils fassent appel à R.J Scanlon pour faire avancer l'enquête. Il s'est construit une réputation de profiler déterminé, il épluche ainsi chaque page de chaque dossier, interroge chaque proche de chaque victime jusqu'à trouver la petite étincelle qui permet d'arrêter un tueur.

Le roman s'est donc construit autour de ces trois personnages (pour RJ, aux 2/3 du livre). Chacun a une personnalité complexe :

-Will, enfant traumatisé par les assauts de son père. Mais comme le souligne un des personnages : « si tous les enfants torturés par leur père devenaient des monstres, le monde ne serait plus sur..... "

-Samantha, première victime de Will, a une personnalité mi soumise mi rebelle

-R.J un professionnel déterminé mais un homme dans le privé qui panse ses blessures.

Claire Favan signe un très bon premier roman même si la traque du tueur est très très longue et l'évocation des scènes de torture va un peu loin (si vous êtes sensibles, accrochez vous aux branches). Cependant, je n'ai pas lâché le livre pour savoir comment serait la fin.

Comme dirait Gérard Collard... les américains n'ont qu'à bien se tenir la relève des auteurs de polars et thrillers français sont dans la place. Grande évolution dans ce domaine réservé outre atlantique depuis longtemps.
Des auteures comme Maud Mayeras, Karine Giebel (la meilleure pour moi) ou Claire Favan ont largement mérité leur place au sommet dans l'art de nous embarquer dans leurs plus effrayantes histoires.
J'ai été d'abord réticente aux premières pages du Tueur intime qui m'abreuvait de violence sans relâche puis je me suis accrochée pour ne plus pouvoir décoller de mon lit avant d'en savoir davantage.
Très bien écrit avec de réels moments d'angoisse, des personnages auxquels on croit, un suspens allant crescendo, des rebondissements nous tenant en haleine... Bref, tous es ingrédients y sont et on a envie d'attaquer la suite immédiatement avec Le tueur de l'ombre...

Note: 5/5

Mon avis :

Au début du roman l'auteur nous plonge dans l'intimité du sérial killer en devenir nous décrivant les tortures infligées par ses camarades de lycée, les humiliations infligées par les professeurs qui font de lui la tête de turc de la classe. L'adolescent n'a qui vers se tourner puisque chez lui c'est encore pire depuis la mort de sa mère qui n'était pas exempte de tout reproche.

Puis sa vie change lorsqu'une nouvelle lycéenne prend sa défense mais cette situation plonge l'adolescent dans un dilemme : comment des gens peuvent-ils être heureux alors que lui souffre autant. La bonne action ne va pas avoir l'effet escompté car l'adolescent bascule et l'auteure nous plonge graduellement dans l'horreur en nous décrivant minutieusement le parcours du jeune homme. Elle nous livre les meurtres qui se succèdent insistant par tous les stades, toutes les émotions, que ressent le jeune homme : l'excitation pendant les phases de repérage de sa future victime, jubilation et fierté lorsqu'il parvient à faire souffrir ses victimes à un degré qu'il espérait ou lorsqu'il trouve de nouvelles tortures à inclure dans son cérémonial, colère et frustration lorsque ses proies meurent trop vite. Colère et frustration envers lui même également car la proie n'était pas à la hauteur de ses attentes et qu'il faut qu'il améliore sa technique.

Certes les scènes sont assez répétitives, mais c'est un peu normal avec un sérial killer qui reproduit généralement la même schématique, mais si cette impression se fait jour dans la tête du lecteur c'est le style qui produit cet effet, trop simple paraissant linéaire malgré les nombreux rebondissements. On ne peut écarter à la lecture cette impression qui fait ressortie une peu trop ouvertement qu'il s'agit d'un premier roman.

Un point renforcé par les inévitables clichés sur les enquêteurs, on a la nette impression que l'auteure a voulu regrouper tous les travers de la police : le bleu, l'ivrogne, la nymphomane , le bourreau de travail qui vient de divorcer et ne sait comment réagir avec les femmes... en ne décrivant que les plus puérils. L'accumulation de ces multiples travers sur une équipe,en est risible pour ne pas dire décevant.

Et que dire de la conclusion de ce roman, certes elle laisse présager une éventuelle suite, mais elle s'avère par trop téléphonée.

Au final les promesses de la quatrième de couverture n'ont été que partiellement respectée et c'est donc avec un avis plutôt mitigé que l'on sort de cette lecture. Pourquoi faut-il que les éditeurs se doivent obligé d'inclure sur la dernière de couverture des avis de lecteurs imaginaires, cette manière de procéder tend à ce que l'on juge plus sévèrement le roman lorsqu'il ne répond pas pleinement à nos attentes et qui ne donne aucune envie de lire un autre ouvrage de l'auteur.

3/5