L'ATELIER DES MIRACLES de Valérie Tong Cuong

Mon avis :Un livre que j'avais repéré à sa sortie, de plus, je ne connaissais pas cette auteur et comme j'aime beaucoup les noms à consonnance asiatique, je l'ai pris à la bibliothéque. Bien m'en a pris car j'ai passé vraiment un excellent moment de lecture.

Après des semaines de moqueries, de harcélement, Mariette, professeur d'histoire-géo dans un lycée asséne à Zebranski une magistrale gifle qui l'envoie valdinguer dans les escaliers. Le diagnostique tombe c'est un burn-out, une dépression, il n'y a pas d'autres solutions que la maison de repos.

Millie vit de petits boulots de secrétaire intérim, elle en a marre d'être transparente donc à la suite d'une mémorable cuite et du feu de son immeuble, elle en profite pour sauter par la fenêtre du cinquième étage de son appartement.

Mike est un ancien militaire de l'afganistan; à la suite de plusieurs désaccords avec sa hiérarchie, il démissionne mais à son retour sa femme le quitte. Condamné à la rue, il subit un jour un tabassage en régle.

Nous allons suivre ces trois personnages rescapés de la vie qui vont essayer de se reconstruire chez Jean qui accueille dans son centre les écorchés de la vie. Il récupére donc Mariette qui ne se sent pas encore d'attaque à affronter son député de mari et les éléves de sa classe puis Mike à qui il donne un boulot dans son centre et enfin Millie qui semble être devenue amnésique.

Mais finalement cet atelier est-il vraiment une cour des miracles.

Souffrance, harcélement moral, mal être, une chute vertigineuse dans le vide de la vie. Un livre bien écrit et assez touchant.

Mon avis :



C’est au cours d’un petit salon du livre organisé par l’association « Lire c’est libre » le 31 janvier 2015 à la mairie de Paris du 7ème arrondissement, que j’ai pu faire la connaissance de Valérie Tong Cuong. Une très belle rencontre qui m’a donné l’occasion, non pas de découvrir son dernier roman « Pardonnable, impardonnable », mais plutôt de franchir le pas pour « L’atelier des miracles » qui me faisait de l’œil depuis longtemps déjà.

Sur la couverture, les rouages des mécanismes d’horloges, de montres, métaphores de la vie des personnages du roman, de nos vies en bref. Tout s’imbrique, tout se touche et parfois ça coince, ça rouille, et il faut juste trouver le bon horloger, celui qui saura avec des gestes précis, une finesse infinie et des outils adaptés, percevoir la défaillance et la réparer soigneusement. Cette couverture résume le livre et toute sa beauté. Et puis il y a ce bandeau avec inscrit dessus « Prix de l’optimisme ». Lorsqu’on a rencontré l’auteure, on y croit avant même d’avoir ouvert le livre. Il y a des personnes avec qui sans avoir parlé durant des heures, sans les connaître intimement, on se sent bien. Pour ma part, c’est l’effet que m’a fait ma rencontre avec Valérie Tong Cuong.

A présent, parlons un peu plus précisément de cette petite pépite littéraire. Chaque chapitre est écrit à la première personne et à tour de rôle, c’est Millie, Monsieur Mike et Mariette qui nous narre sa perception des choses, l’évolution de sa situation, ses états d’âme. L’auteure parvient sans difficulté à rendre trois voix différentes, trois niveaux de langages différents, trois vies bouleversées par des enchaînements d’évènements.

Tout d’abord il y a Millie, cette jeune femme effacée, perdue, qui s’excuse presque d’exister. Cet incendie lui donne l’occasion de recommencer à zéro, d’oublier le passé et d’aller de l’avant en se construisant une nouvelle personnalité.

Puis il y a Monsieur Mike, un ancien militaire devenu SDF. Une bagarre le conduit à l’hôpital et sa rencontre avec Jean lui donne l’opportunité de reprendre de l’importance.

Ensuite, il y a Mariette, une enseignante au bout du rouleau tant dans sans son travail que chez elle où elle subit sa vie. Elle a franchi les limites et se retrouve hospitalisée.

Enfin, il y a Jean, le directeur de l’Atelier, cet endroit magique où les vies sont réparées. C’est cet homme qui fait le lien entre ces trois personnages qui se croisent pour certains. C’est Jean l’horloger, qui propose son aide en échange de rien du tout pratiquement, pratiquement….

La plume de Valérie Tong Cuong coule comme le sang dans nos veines. C’est presque vitale de tourner les pages, de savoir comment chacun envisage cette nouvelle vie. Les mots s’enchaînent, les émotions sont pures. On a presque tous croisés un Monsieur Mike, une Millie ou une Mariette. Mais qu’a-t-on fait ? Pour ma part, en tant qu’éducatrice, j’ai parfois été amenée à côtoyer des parents ayant ce type de parcours de vie… On rêve d’un endroit tel que l’Atelier.

Sauf que l’on a coutume de dire que l’on a rien sans rien dans la vie. Est-ce que nos trois personnages seront redevables ? Sommes-nous redevables de l’aide dont on peut parfois bénéficier ? Et les « aidants » doivent-t-il attendre quelque chose en retour de la part des personnes qu’ils accompagnent ? C’est une belle réflexion que l’auteure nous propose. Dans mon métier on se la pose régulièrement…

Un livre magnifique aux personnages attachants, vibrant d’humanité.

Sans conteste, il me faut d’autres livres de Valérie Tong Cuong.