LE CANTIQUE DES ELFES de Myriam Chirousse

Voici un roman que j'ai trouvé bien ficelé du début à la fin. J'avais été attirée par la couverture qui m'intriguait par sa couleur, l'écriture du titre et ce personnage au premier plan, aux visages superposés.
Sous fonds de jeu vidéo, c'est l'histoire d'une ado de 14 ans, Jessica qui incarne Lady Kerridwen dans un MMORPG, "Ultramonde". Pour une fois, c'est une héroïne de jeu virtuel. Dès le début, on fait connaissance avec cet univers où Jessica passe beaucoup de son temps de libre avec son amie Héléna alias Ashley Watson. Sa rencontre avec Lupus Negrus, "l'être sans pupille" va l'amener bien au-delà de ce qu'elle imaginait. Et moi aussi...
En lisant les premières pages, j'avais l'impression de lire un polar avec cette histoire de meurtres en série. De plus, l 'emploi du tutoiement nous prend dans l'intrigue et nous plonge dans un sentiment assez angoissant où le fait de sentir Jessica observée perturbe.
J'ai adoré les trois personnages qui ont chacun leur personnalité, leurs ennuis et leurs manières de réagir. Tout d'abord l'elfe noir. Tel qu'il se présente, Lupus Negrus est comme tout bon amateur de fantay, "le dernier descendant de la 7e lignée des elfes noirs". Dès son apparition, je l'ai imaginé élégant, sombre et mystérieux. Amusant par ses énigmes, ses RDV farfelus (" à 6h, 6 minutes et 6 secondes), et inquiétant en même temps. On comprend pourquoi Jessica succombe à son charme même si bien des faits lui font penser que cet elfe noir pourrait être le meurtrier en série.
A la différence du résumé ci-dessus, la 4ème de couverture n'annonçait pas autant d'information, ce qui laissait planer le suspense sur l'identité du personnage, mais ce n'est qu'un élément de l'intrigue. Alors que Lupus Negrus est plein d'assurance, celui qu'il est dans la vraie vie est plus discret, limite transparent. S'il se montre enfantin et romantique avec Lady kerridwen,on ressent une certaine fragilité. Au fur et à mesure que les pièces du puzzle se mettaient en place, mon attachement pour ce personnage grandissait. Mais je n'en dis pas plus.
Jessica est quant à elle une idéaliste, qui se réfugie à Osgarth, ce lieu qu'elle aime tant dans Ultramonde, pour mieux rêver. Elle a d'ailleurs choisi le nom de son avatar pour son engouement pour les fées. C'est sans doute cette particularité de sa personnalité qui a plu à Lupus Negrus. Leurs premières conversations dans le jeu fait monter l'adrénaline de Jessica bien qu'elle soit en même temps effrayée par la tournure que prend leur conversation. Elle a conscience que derrière un avatar peut se cacher n'importe qui, mais elle ne résiste pas au romantisme de Lupus Negrus, à ces "bonsoir Milady", à ses messages passionnés digne d'un vampire amoureux. Finalement, Jessica est courageuse jusqu'au bout et préfère affronter la vérité.
Son amie Héléna est aussi intéressante. Trahie par son petit ami, elle va se réfugier dans le jeu et intégrer le clan des amazones. Les allers-retours entre le monde réel et le jeu participent à montrer la consistance qu'ont les personnages qu'incarnent nos trois héros. Ce roman décrit bien comment des êtres en souffrance cherche à se reconstruire une identité fragilisée à travers leur avatar. Je vais m'arrêter là pour ne pas gâcher la fin. Je conseille ce roman qui est un récit inattendu et émouvant. Par certain côté, cela m'a fait pensé à BenX de Nic Balthazar.