LES LISIERES de Olivier Adam
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- mamounette31Plume de cashmere
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Toulouse (France)
Emploi/Loisirs : Ingénieur en informatique
LES LISIERES de Olivier Adam
Mer 22 Aoû 2012 - 18:30
Résumé
Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s'occuper de ses parents "pour une fois", son père ouvrier qui s'apprête à voter FN et le tsunami qui ravage un Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il va se confronter au monde qui l'a fondé et qu'il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, c'est à un véritable état des lieux personnel, social et culturel qu'il se livre, porté par l'espoir de trouver, enfin, sa place. Dans ce roman ample et percutant, Olivier Adam embrasse dans un même souffle le destin d'un homme et le portrait d'une certaine France, à la périphérie d'elle-même.
FLAMMARION
22 août 2012
453 pages
21,00 €
- YunaliPlume de cashmere
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Re: LES LISIERES de Olivier Adam
Lun 29 Avr 2013 - 18:11
Mon avis:
Livre lu dans le cadre du Prix Livre France Inter organisé à l’échelle de ma bibliothèque.
C’est l’histoire de Paul Steiner, quarantenaire, séparé de Sarah avec qui il a deux enfants. C’est de sa faute si les choses en sont arrivées là : écrivain, c’est un dépressif qui plonge dans l’alcool, dans sa Maladie comme il dit.
Ce n’est pas un homme vraiment gai, loin de là. Mais quand il est avec ses enfants ce sont les rois. Il est très proches d’eux, surtout de sa fille aînée, ils ont une jolie relation tous les deux. C’est un père mais assez inconséquent, qui préfère s’amuser que de jouer un vrai rôle de parent. Il ne comprend d’ailleurs pas les critiques de Sarah à son égard.
Dans sa famille, Paul va devoir aller aider son père qui a du mal à vivre seul dans sa maison depuis que sa femme est à l’hôpital. Sur l’insistance de son frère, Paul y va à contrecœur, lui qui redoutait tant jusqu’alors la visite annuelle à ses parents avec Sarah et les enfants.
Loin d’être une partie de plaisir, cette cohabitation forcée va faire remonter à la surface leurs contradictions et oppositions. Car il faut avouer ils ont peu de choses en commun.
Depuis qu’il est parti de la maison de son enfance pour être écrivain, Paul est en effet considéré comme étant en-dehors de la vie réelle. Pour ses parents et son frère, être écrivain n’est déjà pas un vrai travail, et ils le voient comme un « bobo » de gauche ; son frère est vétérinaire et gagne plus que bien sa vie et est de droite, et il va découvrir que son père (qui a été ouvrier toute sa vie) a des tendances racistes et pourrait même voter pour « la Blonde » et son parti aux prochaines élections.
Quand il retourne chez ses parents, Paul va retrouver des amis d’enfance, et on va voir qu’il est devenu un étranger dans ce milieu social peu favorisé, lui qui est un écrivain réputé, même si actuellement il a du mal à écrire.
Paul ne trouvant pas sa place où que ce soit (il n’a pas de place de père, ni d’enfant, ni d’écrivain (le milieu littéraire le raccrochant sans cesse à sa parentèle ouvrière comme si la valeur d’un écrivain se faisait par rapport à son milieu social) il se pose sans cesse des questions.
Il est comme hypnotisé et focalisé par les évènements du Japon, pays qui semble représenter pour lui une terre des possibles, où il pourrait se trouver, être le « vrai » lui, et où il pourrait réaliser tout ce qu’il veut et avoir tout ce qu’il veut. Or avec les évènements post tremblement de terre, c’est un pays aussi dévasté que Paul l’est intérieurement.
On ressent bien son mal-être dans cette histoire. D’ailleurs on ne peut pas dire que ce roman soit des plus joyeux, il faut quand même ne pas avoir le moral trop bas pour l’apprécier je pense.
Les thèmes abordés dans ce récit nous sont quand même relativement proches car ils touchent tout le monde : la vie de famille (comment survivre à une séparation ? comment être un parent ? comment aider ses parents qui vieillissent ?...), l’ascension sociale (peut-on vraiment passer d’un milieu peu ou pas favorisé à une classe sociale supérieure et y être accepté ? comment est-on considéré quand on réussit sa vie professionnelle ?), la peur des autres (racisme, montée du FN), le chômage (est-il inévitable ? comment résoudre les problèmes qu’il engendre ?...), la vieillesse (comment aider ses parents ? le spectre de la mort), les secrets de famille…
L’histoire paraissant tellement réelle, je me suis demandée quelle était la part de fiction et de biographie dans ce roman. On se dit que tout ce qu’est Paul, on pourrait l’être ou le devenir. Toutes ses questions pourraient être les nôtres.
Par contre j’espère ne jamais être aussi dévastée que lui peut l’être.
J’ai trouvé que le livre se lisait bien, mais il y a quand même quelques répétitions qui alourdissent le récit. Ces répétitions sont tout à fait inutiles d’ailleurs. On comprend très bien en nous disant les choses une seule fois, les lecteurs peuvent quand même retenir ce qui s’est dit 30 pages avant.
J’ai moyennement apprécié la partie sur le « secret » de famille. Ça semblait être un peu tiré par les cheveux et être là juste pour que le narrateur puisse se rapprocher de ses parents, seul prétexte qui ait pu être trouvé.
Je pense que je retenterai l’expérience avec un autre livre d’Olivier ADAM car j’ai l’impression d’avoir trop peu vu son talent d’écrivain, peut-être à cause des nombreuses interrogations du personnage qui lui-même est écrivain on dirait qu’il n’a pas exploité son plein potentiel.
Ma note: 3.5 /5
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