LE PAQUEBOT de Cécile Delile

Extrait :

Le Val Joli, c’était plus de quinze écoles primaires et dix écoles maternelles, six
communautés, huit langues et combien d’enfants ?
Les promoteurs, qui avaient fait jaillir de leur pauvre imagination et de la terre, ces ignobles
champignons, très étonnés qu’ici des gens puissent vivre, travailler et se reproduire
normalement, décidèrent de construire des écoles.
Persuadés de leur génie architectural, ils n’avaient pas vu cet immense filet humain,
accroché comme du lierre sur la pierre, plus grand de jour en jour, cachant le gris et la
poussière. Aussitôt, l’Education Nationale avait proposé des primes de risques, pour les
enseignants avec logement et vue sur la médina.
Entre des instits’ transplantés et des communautés trimballées, tout avait bien vite
fonctionné ; il ne pouvait pas y avoir de regard étranger…
Arrivée par hasard, je ne savais pas que j’allais poser mon cartable pour quinze ans, bonheur
compris !

Mon avis ;

Le paquebot est un livre qui surprend : déjà par son titre, ma surprise a été renforcée, de plus, quand j'ai lu la 4e de couverture; je me suis demandé quel pouvait être le lien entre un paquebot et une institutrice en ZEP. Mais au moins, cela attire une certaine curiosité. Un bon point déjà quant à ma lecture du roman.
Celui-ci frappe par son format assez court, donc il s'est lu assez vite et d'une manière agréable, je dois dire. Voilà pour le cadre général de ma lecture.

Je ne connais pas vraiment l'auteur, mais je dois avouer que son histoire est assez intéressante et touchante. Le cadre des ZEP m'est totalement inconnu alors ce fut une sacrée découverte. Bien sûr, on se figure quelques préjugés, mais ils sont vite effacés à la lecture de ce récit, ou accentués. Ce n'est pas facile tous les jours, cela ne doit pas être facile plutôt, mais l'ambiance du récit semble presque enthousiaste, enjouée, l'envers de ce que l'on imagine de l'univers de la planète ZEP. Personnellement, je voyais un décor difficile avec des institutrices qui se succèdent, ne supportant plus l'endroit, etc. Le bon vieux cliché, en somme, j'imagine. Et ce récit m'a fait voir le contraire : des institutrices qui sont à la même place depuis dix ans, un groupe soudé, des enfants attachants, un lien avec la communauté... L'histoire est vraiment agréable à lire, avec un beau happy end à la fin, comme on les aime.

Quant au style de l'auteur, Cécile Delîle, j'ai vraiment aimé. Elle possède un style plaisant à la lecture. Néanmoins, n'étant pas fan des points d'exclamation à répétition, j'ai trouvé qu'il y en avait trop, sûrement pour souligner l'engouement dans cette école où règne une ambiance enjouée.

Cécile Delîle présente donc ici un récit autobiographique affectueux, peigne une réalité vécue et efface ainsi les préjugés que l'on peut avoir sur les ZEP, le tout dans un style agréable. Que demander de plus ?

4.5/5