RHINOCEROS d'Eugene Ionesco

Ça m’avait effrayé vos avis avant de le lire, mais je me suis fait mon propre avis, mais en fin de compte j’ai beaucoup aimé !

Rhinocéros de Eugène Ionesco raconte une épidémie d’une maladie appelée la « rhinocérite » qui effraie les habitants de la ville où se situe l’intrigue et qui les transforme au fur et à mesure eux-mêmes en rhinocéros. La pièce se divise en trois actes, avec à chacun un stade différent de l’épidémie : la montée de l’épidémie et l’effroi des concernés ; la propagation mais certains résistent à cette maladie ; la fin de la lutte car il n’y a plus qu’un seul homme pour résister, parmi les rhinocéros.

Il y a beaucoup de personnages, surtout dans le premier acte, c’est un peu fouillis pour s’y retrouver, mais on distingue les trois principaux : Bérenger et Jean, deux amis et Daisy, l’amour de Bérenger et qui sera l’avant-dernière humaine. Ce sont eux que l’on va suivre jusqu’à la fin de la pièce, même si on est plutôt du point de vue de Bérenger.

Il y a plusieurs interprétations de cette pièce je pense, pour moi l’auteur nous fait une critique de mouvement de masse vers des idéologies et du totalitarisme bien sûr ! Ici il est représenté sous la forme d’une maladie comique qui tente les habitants à devenir comme les autres, des rhinocéros. Et on peut voir que le totalitarisme a les mêmes différents stades que la rhinocérite » : la montée d’un mouvement politique totalitaire qui effraie d’abord la population ; le ralliement à la cause, l’effet du mouvement de masse et la même résistance comme à chaque montée des extrêmes et enfin pour qu’il ne reste plus d’opposant à ce parti, jusqu’au dernier homme. On pense bien sûr au nazisme ou stalinisme, mouvements présent avant la parution du livre de Ionesco. Il fait une satire je pense, de la réaction influençable des Français sous l’Occupation mais aussi les efforts de l’occupant pour tous les rallier à leur cause jusqu’au plus résistant et intelligent.
On peut également voir une forme de fin du monde, car Bérenger se retrouve le dernier homme !

Niveau de l’écriture, j’ai vraiment eu peur, car j’ai lu La Cantatrice Chauve, toujours de Ionesco, juste avant, et c’est vraiment…Psychédélique x) On se retrouve devant des répliques juste à se dire « Pourquoi ? What the fuck there ? » ^^
Mais dans Rhinocéros, c’est beaucoup moins « perché », on arrive vraiment à suivre l’intrigue facilement, à part quelques fois où l’auteur mêle différents dialogues. Sinon les métaphores rhinocéros/totalitarisme sont plutôt explicite je trouve, personnellement ça m’a frappé dès l’acte II.

J’ai des passages que j’ai beaucoup aimé. Déjà le fameux passage du syllogisme, très connu et quelques citations qui montre bien ce que veut prouver l’auteur

« Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat »

« Vous voyez le mal partout. Puisque ça lui fait plaisir de devenir rhinocéros, puisque ça lui fait plaisir ! Il n’y a rien d’extraordinaire à cela. » Jean, avant qu’il devienne Rhinocéros.

« Il n’y a plus qu’eux, il n’y a plus qu’eux. Les autorités sont passées de leur côté. » Acte III

4/5