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Yunali
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Plume de cashmere
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LES REVENANTS de Laura Kasischke Empty LES REVENANTS de Laura Kasischke

Lun 4 Mar 2013 - 18:30
LES REVENANTS de Laura Kasischke 156410


Résumé:
Une nuit de pleine lune, Shelly est l’unique témoin d’un accident de voiture dont sont victimes deux jeunes gens. Nicole, projetée par le choc, baigne dans son sang, et Craig, blessé et en état de choc, est retrouvé errant dans la campagne. C’est du moins ce qu’on peut lire dans les journaux mais c’est une version que conteste Shelly. Un an après, Craig ne se remet toujours pas. Il ne cesse de voir Nicole partout… Serait-il possible que, trop jeune pour mourir, elle soit revenue ?

Editeur: Le Livre de Poche
Date de parution: 3 janvier 2013
Poche: 672 pages
Prix: 7.69€ (amazon.fr)
Broché paru le 15 septembre 2011
Yunali
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Plume de cashmere
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LES REVENANTS de Laura Kasischke Empty Re: LES REVENANTS de Laura Kasischke

Lun 4 Mar 2013 - 18:34


Mon avis:
Je tiens déjà à remercier grandement Babelio et les éditions du Livre de Poche pour m’avoir sélectionnée afin de lire et commenter ce livre.

Je ressors de cette lecture avec un sentiment étrange. Je ne dis pas cela de manière négative, mais c’est vrai que ce fût une lecture forte et très prenante.

C’est loin d’être un livre policier ordinaire, car Laura KASICHKE arrive à partir d’un ‘simple’ accident de voiture pour arriver à une conclusion assez inattendue.
Il y a donc comme départ l’accident d’un jeune couple d’étudiants dont est témoin une employée de l’Université, et l’auteur nous fait ensuite parcourir les vies d’un bon nombre de personnages a priori ordinaires tous reliés de près ou de loin à cet accident.
Si par moments on peut se sentir un peu déroutés par les histoires de ces personnages, petit à petit tout s’éclaire, et l’on remet les morceaux du puzzle en place pour découvrir quelque chose de vraiment impensable.

Je pense que si j’ai un sentiment un peu curieux suite à cette lecture c’est parce que j’ai du mal à réagir face à la Mort, et que ce livre nous fait nous poser des questions sur ce sujet là, et je ne m’y attendais pas du tout à la lecture du résumé. Je pensais lire un ‘simple’ roman policier, et j’ai vraiment été surprise !
Alors certes je ne suis peut-être pas à l’aise avec ce sujet pour des raisons personnelles, mais l’auteur sait vraiment nous faire nous interroger et nous impliquer émotionnellement, mais elle a réussi à ne pas aller trop loin, ce qui pourrait rebuter les lecteurs qui ont les mêmes appréhensions que moi sur le sujet.

Ce roman est d’ailleurs un vrai bijou, et je suis plus que ravie d’avoir découvert un auteur que je relirai avec plaisir.

Il y a dans Les Revenants un vrai panel de personnages qui sont tous « vrais » dans le sens où nous pourrions les croiser dans la rue, on aurait pu tous rencontrer Craig, Nicole, Perry, Mira ou Shelly (pour ne citer que les principaux).

Craig Clements-Rabbit est un jeune homme détruit suite à l’accident de voiture qu’il a eu avec Nicole Werner sa petite amie qui n’est pas ressortie vivante. Il devra faire face à sa mémoire pour savoir ce qui s’est passé et surtout il devra affronter les autres qui ne voient en lui (pour la plupart du moins) qu’un meurtrier.
Shelly Lockes qui a été témoin de l’accident essaye quant à elle de faire entendre la vraie version de l’accident, car pour des raisons qu’elle ne comprend pas, les journaux et les autorités racontent une toute autre version des choses ! Son combat va d’ailleurs trouver de l’opposition, la vérité n’est pas facile à révéler ni à faire accepter…
Quant à Perry Edwards, c’est le colocataire de Craig et il connaissait Nicole depuis qu’ils sont enfants. C’est un personnage des plus attachants, et il veut à la fois aider Craig (il ne lui tournera pas le dos après l’accident et va le soutenir indéfectiblement) et rétablir la vérité sur Nicole. Il va donc convaincre Mira Polson, professeur anthropologue spécialisée dans le domaine du folklore de la mort, de pouvoir suivre ses cours car il voudrait comprendre la mort de Nicole.

Chacun des personnages a ses faiblesses: Craig est le fils d’un célèbre romancier, donc passablement riche et du genre à avoir des a priori et à déprécier les autres qui comme Perry ou Nicole viendraient d’une petite ville (i.e : il renomme vite leur ville natale de Bad Axe en Bad Ass).
Perry est lui du type « boy scout », débrouillard qui a toujours solution à tout. Intelligent, bien élevé, qui fait son lit tous les jours, repasse et range ses vêtements… En bref il semble un peu trop « fils à maman ».
Mira est un peu perdue dans son mariage, avec son mari qui reste tout le jour à la maison afin de garder leurs jumeaux pendant qu’elle travaille pour payer leurs factures.
Et Shelly est une lesbienne quarantenaire qui se pose des questions sur elle, sa sexualité, sa vie passée, son expérience malheureuse avec son ex-mari…
Quant à Nicole notre héroïne tragiquement disparue... ; et bien on apprend au fil des pages (si on ne le savait pas déjà) que les apparences sont parfois trompeuses, et qu’on peut paraître être un ange aux yeux des autres et agir d’une manière qui est tout sauf angélique.

Ils ont tous des failles, et Laura KASISCHKE ne peint pas un portrait tout rose et sans saveurs de ses personnages, bien au contraire.
Le sexe, l’alcool et la drogue sont monnaie courante pour les jeunes étudiants et l’auteur ne cache pas cela même si elle ne rentre pas dans d’infimes détails.

Avec leurs personnalités bien affirmées et très différentes les unes des autres, l’auteur réussit à créer un melting pot qui fonctionne parfaitement, chacun amenant sa pierre à l’édifice, chacun faisant progresser l’histoire et les réflexions des uns et des autres (à la fois sur eux-mêmes et sur ce qui se passe autour d’eux).

Le contexte dans lequel se passe l’histoire est vraiment bien choisi par l’auteur.
Ce campus (sûrement semblable à la plupart des campus américains tels qu’on peut les connaître ne serait-ce que par les films et séries télévisées) pourrait être vu comme un personnage à part entière tellement tout ce qui se passe y est intrinsèquement lié.
Si Nicole n’avait pas fait partie d’une sororité ; si cette même sororité n’avait pas des ‘traditions’ plus que douteuses ; si les filles de cette sororité n’avaient pas été quasiment lobotomisées pour ne pas réfléchir et faire tout ce qu’on leur dit ; si l’Université trouvait à redire aux pratiques des fraternités et sororités ; si les anciens membres de ces ‘organisations’ n’étaient pas aussi influents sur les administrateurs de l’Université ; si… Craig n’avait pas rencontré Nicole.
Sans ces « si » on n’aurait pas eu la critique sous-jacente à l’histoire et la dénonciation de l’auteur des pratiques de ces fraternités/sororités et ce jusqu’à quoi leur espèce d’omerta (ça en est quasiment une vu ce qui peut se passer) et impunité peut déboucher.
En tous cas après avoir lu ce livre on ne peut pas penser que ces maisons helléniques sont faites pour y faire la fête et s’amuser. Et franchement le livre en donne un aspect peu reluisant et vraiment détestable.

De manière plus générale est critiqué le fonctionnement de l’Université (pas spécifiquement le campus mentionné dans le livre). D’abord comment les professeurs sont tenus de faire leurs travaux pour être titularisés, puis comment des élèves qui n’en ont pas besoin (n’est-ce-pas Josie ?) arrivent à avoir des jobs faits pour les boursiers.
Et comment on peut mettre la pression sur des professeurs ou membres de l’Université sur le fondement de rumeurs. Certes pas n’importe quelles rumeurs… notamment jusqu’où est allée Josie Reilly (sœur de sororité de Nicole) pour détruire complètement la vie de Shelly (je ne me suis d’ailleurs toujours pas remise de ce qu’elle et d’autres ont fait…).


Récit intriguant, Laura KASISCHKE nous tient en haleine tout du début à la fin de ce long roman, mêlant scènes du passé et du présent (les premières pour mieux comprendre comment sont arrivées les secondes), mêlant réel et imaginaire (mais ce qu’on n’imagine est-il vraiment du domaine de l’irréel ?...)
En bref on oscille entre certitude et doute, et même si l’on comprend assez tôt dans le roman ce qu’est vraiment la réalité, le dénouement reste assez surprenant, mais nous laisse quand même avec des questionnements.
Je n’arrivais pas à m’imaginer de fin à ce roman et je reste avec des incertitudes et un goût amer quant à certaines choses (une envie que les choses ne se passent pas de cette façon dans la vraie vie), peut-être est-ce le but que recherchait l’auteur, sous couvert d’intrigue policière, une critique douce amère de ce que peuvent faire certaines personnes.

Ma note: 4 /5
Yunali
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LES REVENANTS de Laura Kasischke Empty Re: LES REVENANTS de Laura Kasischke

Lun 4 Mar 2013 - 18:34
Je rajoute quelques citations que j'ai relevées lors de ma lecture:

“Shelly resta quelques instants à les contempler, ainsi étendus à ses pieds. Elle avait le sentiment d'être tombée par hasard sur quelque chose de très secret, sur elle ne savait quel symbole onirique, un arcane du subconscient subitement révélé, quelque rite sacré nullement destiné à des yeux humains, mais auquel elle eut été mystérieusement conviée.”

« De plus, Mira constatait qu'à l'époque actuelle des étudiants qui étaient peut-être légèrement déprimés (combien de jeunes gens intelligents de vingt ans ne l'étaient pas?) se voyaient prescrire par leur médecin de famille des médicaments qui les mettaient dans un état d'insensibilité apathique ou d'excitation frénétique. »

« Or ces petites humiliations vous remettaient tout en mémoire.
La crasse d'être humain, d'être une femme, d'être vivant, de vivre dans un corps, la honte de voir tout cela déballé devant des filles plus jolies, plus soignées, meilleures. »

« (...) Si bien que l'université pouvait affirmer qu'elle ne négligeait pas ses jeunes gens - leur santé mentale, leur sécurité - même si tout le monde savait que, sur un campus de cette taille, l'institution n'accordait pas la moindre attention à la santé mentale ni à la sécurité des individus. »

« Il avait l'impression d'être verre, l'impression qu'une note jouée sur un violon ou une flûte pouvait le briser en cent morceaux. Il s'aperçut qu'il tremblait. Il pris sur lui pour ne pas pleurer. Il se fit le serment, non pour la première fois, de faire tout ce qu'elle désirerait, tout ce qu'il faudrait pour la garder tout le restant de sa vie, tout le restant de leur vie. »

« Sa voix lui sembla celle de quelqu'un d'autre. La voix d'une narratrice. La voix détachée d'une conteuse. Une narratrice omnisciente, une narratrice qui aurait connu depuis le début l'ensemble des faits, mais aurait choisi de ne les révéler qu'au compte-goutte. »

« Nous ne faisons jamais rien de physiquement dangereux, dit-elle. Mais, tu comprends, on ne peut se sentir vraiment un groupe sans quelques rituels et quelques traditions. Et aussi des secrets. Si ce n'est pas au moins un petit peu dangereux, rien ne justifie de garder le secret (...) »

« (...) morgue vient d'un mot français qui signifie à la fois "regarder solennellement" et "braver". Voyez-vous la similitude? Et l'étrangeté? »

« Elle était si belle. L'idéal de Platon, comme il l'avait appris sur le site Philosophy 101. Elle l'avait toujours été, mais à présent il percevait la chose pour ce qu'elle était, et savait que l'apparence était trompeuse. »
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