EMBRASSEZ-MOI de Katherine Pancol

Mon avis : Une fois encore, Katherine Pancol s'attache à dépeindre le quotidien auquel nous avons tous, tôt ou tard, à faire. Un quotidien tout en détails, cela va de soi. On ne sait pas ce qu'Angela fait dans la vie, et ce n'est pas important. L'éclairage est concentré sur sa qualité de femme, et sur ses relations difficiles avec les hommes. A ses côtés, différents personnages : Louise tout d'abord, fantôme de l'amie si chère au cœur d'Angela. Une femme qui ne ment pas, qui ne se ment pas. La seule dans tout le roman, d'ailleurs. Virgile ensuite. L'ami, l'amant, l'amoureux d'Angela, on ne sait pas très bien la place qu'il occupe. Si les détails le concernant nous sont délivrés au compte-goutte, on comprend dès le départ qu'il s'agit d'un personnage ambivalent : il a tout pour attendrir, pour être aimé, mais voilà : quelque chose gêne. Et enfin, Mathias. L'Homme. L'ultime. Celui qui prend mais refuse de donner. Celui qui ne dit pas "Je t'aime" mais préfère sans aller. Celui après qui le corps d'Angela se tend tout entier.

Je vous avoue qu'au début, ma lecture fut hésitante. Je n'ai pas été happée par l'histoire dès les premières lignes, je me suis presque ennuyée. Mais... Il a suffit d'un passage, lu dans le métro, pour que mon ventre se contracte, que mon cœur se serre, pour que je ne le lâche plus. Mais mince, ce qu'elle raconte là, c'est notre histoire !! Nos histoire à nous, les filles ! Toujours avides de grands mots, de preuves concrètes, incapables de se satisfaire de ce que l'on a ! Je me suis revue, jeune folle, penchée à ses lèvres, guettant le moindre signe pour l'attraper au vol, le dévorer, le digérer et lui en demander encore et encore ! Alors, que je la comprends, Angela, elle qui n'a pas su s'arrêter à temps. Que je la comprends !

Même si sa langueur m'a parfois énervée, je l'ai beaucoup aimé, Angela. Je l'ai trouvée... Vraie. Mais j'ai davantage aimé Louise. Son cœur fatigué de vieille dame n'en reste pas moins alerte, et sa franchise... Comme j'aimerais pouvoir être aussi lucide sur mon compte ! J'ai suivi avec délice les passages concernant sa vie, ses amours, ses échecs. J'étais la complice de ses confidences. Un peu. Mathias, Dieu qu'il devait être beau ! Dommage qu'il soit décrit comme chauve, je l'imaginais avec une tignasse indomptée. Pas grave. Au premier abord, il peut paraitre extrêmement froid. Mais plus on avance, et plus on comprend... Il en va ainsi pour tous les personnages : plus on avance, et plus on comprend... Plus les réactions se trouvent justifiées, sinon comprises.

C'est une véritable valse que nous joue-là Katherine Pancol, la valse de la vie, des sentiments. Elle les dissèque, les analyse, ne leur accorde pas de répit. Jusqu'au moment où l'on pense qu'elle va offrir une trêve à ses personnages. On espère, on se dit "pourquoi pas, après tout ?". Et la fin surgit, nous laissant pantelant, hébété, le cœur serré.

En résumé, j'ai beaucoup apprécié cette lecture, même si j'ai eu du mal à rentrer dedans. Elle s'est fait l'écho de mes expériences passées, et je pense qu'il en ira de même pour beaucoup de femmes. La plume de K. Pancol est toujours aussi virevoltante, toujours aussi alerte, toujours aussi apte à nous emporter avec elle. Même si Les yeux jaunes des crocodiles reste pour moi inégalé, Embrassez-moi est un de ce roman qui vous sert une tranche de vie sur un plateau d'argent, avec toutes les émotions qui l'accompagnent. Et pour cela, il vaut le détour.
4/5