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sophix42
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RESILIENCE de Julia M. Tean Empty RESILIENCE de Julia M. Tean

Lun 10 Avr 2017 - 10:49
RESILIENCE de Julia M. Tean 41wvk-10


Résumé

Vincent a tué son père, son bourreau. Ce meurtre aurait dû le délivrer, mais les fantômes du passé ne meurent jamais. Incarcéré, il doit affronter les souvenirs d'une vie détruite par le monstre qui l'a engendré.


142 pages
15 Octobre 2016
12,90€
Rebelle
Walkyrie
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RESILIENCE de Julia M. Tean Empty Re: RESILIENCE de Julia M. Tean

Sam 15 Avr 2017 - 21:47
Bouleversant ! Le roman est fort et addictif, le genre qui vous attrape pour vous retourner le cœur et les sens, qui vous rend accroc dès les premières lignes atroces et difficilement soutenables et pourtant, ne vous donne qu’une envie, en savoir plus et comprendre l’acte abominable d’un fils envers son père.

L’auteure a choisi, en un peu plus d’une centaine de page, de traiter de thèmes forts, violents, agressifs pour le lecteur : la maltraitance, la prostitution, l’homophobie, la xénophobie et j’en passe. Ah oui, on ne peut pas dire que l’auteure ménage son lectorat, elle a voulu jouer sur la crudité des situations, sur les mots lourds de sens, sur des actes qui s’accumulent pour toujours plus nous horrifier, nous dégoûter et certainement nous faire prendre conscience d’une réalité qui existe.

Vincent a dix-neuf ans, il se sent libre, il vient de tuer celui qui abusait de sa force et de son pouvoir depuis toujours, Franck, son père. Vincent est arrêté et plaide coupable, il est emprisonné. Dans sa cellule qu’il partage avec Yassir, un algérien, et avec l’aide d’une future psychologue très intéressée par son cas, il revit les réminiscences du passé, un passé horriblement douloureux qui cache pire encore. Peut-être est – ce là le comble de la situation, être enfermé, être libre du joug d’un père abusif, un avant goût d’une résilience possible.

Vincent est personnage qui n’est pas gâté par la vie, malade, maigre, chétif, effacé, pâle. Une mère absente, qui se prostitue sous le toit familial et en fait profiter son fils, qu’elle achève de traumatiser en ne lui témoignant jamais d’affection, pas la moindre tendresse, aucun acte d’amour maternel, l’indifférence la plus totale. Un père, Franck, routier qui s’absente régulièrement, en sachant parfaitement les activités de sa femme, et revenant chaque fois plus haineux, plus violents, distribuant les coups sur le pauvre corps de l’enfant, de l’adolescent, l’humiliant dès que possible, le brisant dans son humanité, pour Franck, Vincent est un moins que rien, une pédale bonne à s’habiller en robe, et certainement pas un homme. Traumatisé, transformé, Vincent essaiera d’acquérir l’amour des siens, du moins des attentions minimes, puis tout simplement une paix, un apaisement des travers de ses parents, pour cela, il intègre le club de son père, un groupe de nazis, homophobe, xénophobe qui s’amuse à tabasser les étrangers et les homosexuels, un groupe qui se paye des prostitués sur la banquette arrière de leur bagnole ou sur des bancs publics pendant que leur pote s’évertue à fracasser de la « pédale ou du bougnoule ». Vincent est donc modelé, assujetti aux idées extrêmes qu’on lui rabâche sans cesse depuis son enfance. Les bourreaux ont crée un être dénué de toute sociabilité, perdu dans des idées qu’on lui a inculqué à coups de poings.

Et pourtant, une passion, un homme, Pedro, va apporter une lueur d’espoir qui va malheureusement vite s’éteindre, un espoir tout de même qui va marquer Vincent, une fissure, une brèche dans son modelage… De cette passion, on pourra peut-être reprocher qu’elle apparaît trop évidente pour Vincent, sans base, sans jamais avoir pratiquer, il devient très vite talentueux… Vincent cherche surtout de l’attention, de la tendresse, de l’affection et surtout de l’amour, des choses qu’il n’a jamais connu.

« Je ne suis pas différent. Tout le monde s’aime de la même façon, et puis quand il s’agit de sexe, c’est toujours la même chose, il s’agit d’un mélange des corps, d’une union. Alors je ne vois pas en quoi cela ferait de moi une personne différente. »

Et puis, il y a ce meurtre, dix-neuf ans, Vincent n’en peut plus, il profite d’une faiblesse paternelle pour le tuer, un meurtre violent, horrible à l’image de la victime. Une vive sensation de liberté, de puissance qui très vite s’estompe, une fois l’effet du meurtre passé… Vincent se pense être un monstre, se pense monstrueux, pourtant il accepte sans scier les conséquences de son acte ; la prison.

« Des monstres comme moi, vous pouvez le dire, je sais que j’en suis un. »

Une nouvelle rencontre, un nouvel homme, Yassir, le co-détenu, a commis lui aussi un acte irréparable, et dans ses yeux sombres et ténébreux, intelligence et déduction viennent rapidement comprendre qui est Vincent, ce qu’il est, ce qu’il cache, ce qui va profondément perturber le jeune homme qui a bien du mal à accepter d’être mieux compris par autrui que par lui – même. Une jeune femme, future psychologue va également s’intéresser à son cas, l’écouter, lui apporter un certain apaisement. Ces deux personnages vont peut-être lui apporter ce qu’il recherchait depuis tout ce temps ; un peu d’attention, un peu de tendresse, une reconstruction est peut-être alors possible ?

Pour le savoir, il vous faudra lire ce roman. C’est court, c’est intense, l’auteure accumule les scènes passés dérangeantes mais nous réserve le clou de l’horreur dans son dénouement, un dénouement discutable, précipité qui achèvera certainement de vous broyer le cœur après avoir eu quelques uppercut bien sentis en lisant certains chapitres évoquant le passé de Vincent. Pourtant étonnamment, on s’habitue aussi à ces horreurs, peut-être à cause de leur multitudes, de leur intensité égale ? L’auteure nous maltraite, les bleus psychologiques s’accumulent jusqu’à la déchirure où les hématomes deviennent des blessures sanglantes, l’auteure joue avec nos nerfs, avec nos émotions, nos sens, pour nous tirer quelques larmes quand nous fermons l’ouvrage, un vrai carnage émotionnel. Le pire dans tous ça, c’est qu’elle nous rend addict, on en redemande, on ne lâche pas notre livre, on reste accrocher à cet espoir que peut-être tout peut changer…

Ce qui met le plus en colère, c’est l’indifférence des autres face au cas de Vincent, il est faible, il est malade, il est transparent, personne ne le voit, personne ne bouge pour le tirer de cette vie merdique qu’aucun enfant ne mérite ça, personne ne voit les bleus, le choc psychologique, quand la fiction rejoint la réalité, ça fait peur, très peur. Sans cautionné l’acte, on comprend toutefois pourquoi.

En bref, que cache ce nounours au ruban couleurs arc en ciel ? La vie traumatisée et détruite d’un enfant. Que cache ce parquet qui s’assombrit ? Des actes violents, des humiliations, des choses malheureusement qui ne ce cantonnent pas à être seulement fictives. Une lecture à ne pas mettre entre toutes les mains, ou peut-être que si finalement, sachez que cela existe et c’est là le plus révoltant !
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