AUTANT EN EMPORTE L'ESPRIT de Yano Las

Comme tous les recueils de poèmes que j’ai aimés, sitôt fini cet ouvrage je n’ai pu m’empêcher de le relire, de le relire, et de le relire encore, au point de passer plusieurs jours bercée par le rythme et la musique des sons formés par la poésie des mots. La langue française est superbe, et avec une poétesse comme Yano Las, qui joue avec les sons avec beaucoup de talent, la lecture devient merveilleuse, tout simplement.

Mais Autant en emporte l’esprit n’est pas seulement un ouvrage agréable à lire et à parcourir. Ce qui m’a le plus surprise à travers cette œuvre, c’est à quel point l’auteure se dévoile. Plus encore, elle dévoile une multiplicité de visages, d’espoirs et d’émotions qui démontrent toute la complexité d’un être humain, dans sa force comme dans sa fragilité. Ce que j’ai perçu de Yano Las à travers ses vers, c’est la femme, c’est la poétesse, la femme d’âge mûr, la femme émancipée, la mère, mais aussi la musulmane, la croyante au sein d’une société qui ne la comprend ni ne l’accepte. Ses poèmes révèlent une immense sensibilité, de nombreuses blessures, mais aussi de l’amour, de la confiance et de l’espoir. On perçoit son vécu, ses expériences et son cheminement spirituel. Ressentir une telle variété de sentiments sur tant de sujets uniquement à travers des poèmes, soit des vers et des rimes, je trouve cela extraordinaire.

Ce recueil m’a donc beaucoup touchée émotionnellement, et m’a laissée admirative quant à la forme. Il n’est arrivé que rarement qu’un rythme ou une rime me chiffonne. En général, l’auteure utilise plus souvent des vers courts (en seulement quelques syllabes) plutôt que des vers plus longs, et cela convient assez à mon style de poésie, j’ai donc aimé. Par contre, j’ai trouvé que l’usage de vers à répétitions (tels des refrains) devenait trop envahissant dans certains poèmes ; heureusement, ce ne sont pas les plus nombreux. Dans la plupart, l’auteure construit plutôt ses refrains via des constructions identiques mais des mots différents, ce qui donne une poésie à la fois musicale et pleine de sens.

Si je devais relever un poème qui m’a particulièrement émue, ce serait certainement « Ménopause ». Parce que c’est une étape à laquelle aucune femme ne peut échapper, quelles que soient ses dispositions d’esprit face à cet événement, et que cela marque la fin d’une ère et le début d’une autre, un changement dans le corps et dans l’esprit, que Yano Las met en vers avec beaucoup de sensibilité.

Pour moi, Autant en emporte l’esprit sera une œuvre marquante, un livre que je vais laisser à mon chevet pour le rouvrir le soir ou quand l’envie m’en prendra. C’est un partenariat auquel j’avais à priori renoncé, ayant trop de lectures en cours, avant de finalement me porter candidate quand même. Et finalement c’est sans doute une de mes plus grandes satisfactions. Je remercie vivement Yano Las et Club-de-Lecture de m’avoir donné l’occasion de lire ce livre.