ELOGE DE LA FAIBLESSE de Alexandre Jollien

Parlons déjà de l'idée en elle-même d'écrire cette histoire sous forme de dialogue avec un philosophe des plus illustres : j'ai trouvé que c'était une idée géniale et sans aucun doute c'est une des raisons qui a fait que j'ai autant aimé cette lecture. Effectivement, c'est une manière simple et attractive d'expliquer son histoire sous cette forme de dialogue. Un grand bravo pour cette idée.

Passons ensuite aux idées développées ici qui se résument, je crois, à Comment surmonter sa différence. Nous pouvons tous, dans une certaine mesure, nous identifier à Alexandre car sous nos masques que l'on porte en société, nous avons tous un côté qui nous pousse en dehors de la norme accepté. Mais ce n'est sans doute pas la question principale bien que je me sois totalement identifiée à son histoire. J'ai beaucoup aimé ses réflexions et les juge totalement vrai. J'ai été particulièrement heureuse de lire ces pages ou beaucoup de choses sont si justement dévoilées comme le fait que la pitié blesse ou que des personnes, pourtant bien intentionnés, fassent plus de mal que de bien. Puis cela nous amène aussi sur le terrain de la philosophie et même si vous n'en êtes pas un expert, c'est totalement clair car c'est à la portée de tout le monde.

Enfin, ma seule déception je crois, c'est que ce livre soit si court.

Un grand merci à Karine pour ce partenariat et doublement merci à l'auteur qui, je l'espère, nous livrera d'autres conversations intérieur qu'il a avec Socrate ou tout autre philosophe.

Le livre :

tout d'abord je félicite les éditions marabout pour leurs initiatives à la préservation de l'environnement et leurs démarches d'énergies renouvelable, ça paraît futile, mais ceci a son importance.
On comprend mieux le graphisme et la différence de couleurs une fois le livre abordé. Il donne un effet miroir / flou ,se qui nous mène directement au cœur du roman, selon mon point de vue.


Les personnages :

Il y a tout d'abord un jeune homme non « neurothype », et d'un autre côté, un philosophe Socrate , mais quand est il concrètement du philosophe, on pourait penser qu'il s'agit d'un ami imaginaire que l'auteur à intégré à sa propre existence, et pourtant , les échanges qu'ils vont mener nous donne à nous interroger sur se personnage fictif.

Il y a des personnages secondaires , tout aussi attachant les uns comme les autres, ses compagnons de route , cette unité qu'ils forment entre eux .Qui vont aider l'auteur à se dépasser par leur simple présence, et s'aider eux même par leur désir d'exister.


L'histoire :

Dans un premier plan , de l'échange entre le philosophe et l'auteur, l'histoire relate la vie communautaire d'individus hors normes , qui se battent dans le long terme, au jour le jour, réelles perspectives d'avenirs si ce n'est qu'améliorer leurs performances quotidienne.

Dans un deuxième temps, l'auteur handicapé moteur de par sa naissance difficile nous fait vivre une incursion en son être intérieur, à travers un dialogue entre sa conscience et son inconscience. Ainsi , on découvre à la lecture que Socrate est le reflet de lui même son inconscient avec qui il dialogue à la manière philosophique, à travers ses échanges il nous permet de voir se jouer une bataille interne ( son handicap lui même ) et externe ( les manquements du corps médical, la non compréhension des autres ) en son être avec beaucoup de pudeur.

Extrait que j'ai trouvé troublant : page 38 deuxième paragraphe,

La pensée que Jérôme, paralysé au fond de son lit, s'inquiétait de mes infimes soucis me boulverse encore aujourd'hui. Il ne m'avait pas sermonné sur le courage, sur la nécessité de penser positif comme le prône la littérature édifiante, mais par de simples mots : « çaa bva » il avait tout dit. Son soutien était total.


Mon avis :

je ne savait pas à quel point la philosophie pouvait jouer un rôle déterminent dans l'intellect et son évolution, je me plaît à croire que nous aussi nous pouvons dialoguer avec un être sortie de notre soi profond et faire avancer notre prise de conscience mais surtout notre regard sur la différence et le terme ( hors norme ) à côté de cela , la phrase de fin qui clore le roman m'a le plus touché , la question est là , qui peut prétende être normal ? Spirituellement qu'elle est le degré de la normalité ?

Petit point noir oblige, j'ai dû me servir du dictionnaire pour certains termes .


Ma note sera de 4 / 5 ,

Anne Sophie a écrit:J'en suis j'en suis, je participe au concours !!!!
Tu nous dégotes de super trucs ma Karine

Je trouve difficile de donner son avis sur ce livre. L'idée de dialoguer avec Socrate est évidemment originale et bien trouvée, le contenu est très intéressant, émouvant, mais il faut quand même faire attention à ne pas fausser son jugement de par "l'état" de l'auteur. Aurait-on le même avis si on ignorait qu'il était handicapé? Ne prend-on pas justement trop en compte cela pour dire c'est formidable qu'il ait pu écrire un livre...?
J'ai eu du mal à le lire d'une traite, j'ai dû faire des pauses pour m'imprégner de ma lecture. Pour moi cela reste le témoignage d'une personne forte, volontaire, écrit de façon originale mais ça n'est pas non plus une révolution dans le monde de l'écriture. J'espère ne pas paraître trop brutale ou sans sentiment mais encore une fois je trouve très difficile de partager mon ressenti. J'ai été très touchée par le contenu : comment les enfants vivent dans ce centre, comment ils sont considérés à l'extérieur ; j'ai été révoltée par l'attitude de certains éducateurs, plus démoralisants qu'aidants...
Je suis d'accord pour dire que ce livre est trop court, j'aurais aimé plus de précisions sur le père Morand, il n'y a que quelques lignes à son sujet alors qu'il semble avoir été un véritable moteur dans la vie du jeune Alexandre.
En tout cas je salue la force de caractère de l'auteur qui connaît ses limites mais qui arrive malgré tout à faire ce qu'il veut! Il est libre de ses choix et ça c'est le plus important.

Mon avis :

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier Club de Lecture et Marabout pour ce livre remporté lors d’un concours.

Eloge de la faiblesse est écrit par Alexandre Jollien, un homme ayant passé dix-sept dans un Centre pour personnes handicapées. Il est lui-même handicapé.

Eloge de la faiblesse tente et réussit le pari de nous pousser à la réflexion sur la différence entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Fort de son expérience, l’auteur nous démontre les richesses que peut contenir, qui sont parfois enfouies très profondément, une personne différente de la norme. Dans cette réflexion philosophique menée comme un dialogue avec un personnage imaginaire, mais ayant laissé une trace par ses propres réflexions, Socrate, Alexandre pose les pavés d’une vie dans la différence. Il est parfois très dur avec certaines personnes, et à d’autres moments, il montre une compassion et un amour sans limite pour telle autre personne. Après avoir défini ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, l’auteur devient l’avocat des gens qui subissent l’œil plein de remontrances, de peurs, et d’ignorance d’autrui, tout en étayant ses propos de sa propre expérience. Le récit est extrêmement intelligent, sans jugement, seul le constat nécessaire donne matière à accepter, connaître et reconnaître la différence.

Je remercie Club de Lecture et Marabout pour cette lecture.